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allemand avait proclamé le « Kriegszustand, » c’est-à-dire la mesure préliminaire à la mobilisation générale des forces de terre et de mer de l’Empire. La Hollande ayant, de son côté, mis son armée sur pied de guerre dans la journée, le Conseil des ministres belges décréta également à dix-huit heures la mobilisation générale[1].

Le soir, vers vingt-deux heures, le ministre d’Angleterre vint annoncer à M. le ministre des Affaires étrangères qu’en raison de la possibilité d’une guerre européenne, sir E. Grey avait demandé aux gouvernemens français et allemand, séparément, si chacun d’eux était prêt à respecter la neutralité de la Belgique, pourvu qu’aucune Puissance ne la violât[2]. Sir E. Grey, ajouta sir F. Villiers, présumait que la Belgique ferait tout son possible pour maintenir sa neutralité, et qu’elle désirait que les autres Puissances l’observassent et la maintinssent.

M. Davignon s’empressa d’assurer le ministre d’Angleterre de notre volonté de ne rien négliger pour maintenir la neutralité du pays. Il pria Son Excellence de voir la preuve de cette résolution dans la décision prise de mettre l’armée sur le pied de guerre, et il remercia vivement sir Francis Villiers de l’importante communication qu’il venait de faire de la part du gouvernement britannique.

Cette démarche était en effet la preuve que l’Angleterre considérait toujours l’indépendance de la Belgique comme un intérêt essentiel. Elle permettait de croire, — bien que sir F. Villiers ne l’eût pas dit formellement, — que la Grande-Bretagne, fidèle au traité du 19 avril 1839, interviendrait pour nous défendre contre toute Puissance qui voudrait porter atteinte à notre neutralité.

  1. La mobilisation fut ordonnée le 31 juillet à dix-huit heures. Le 1er août, à minuit, fut indiqué comme le moment où elle devait commencer. Elle était pour ainsi dire achevée le 2 au soir.
  2. Premier Livre Gris, n° 11.