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savant au ministère de l’Instruction publique, il était tout naturel et que celui-ci devint en même temps Ministère des Inventions. C’est ce qui arriva et permit enfin la mobilisation tant désirée de la science française.

D’un autre côté, les règlemens existans, — car en tout cela, c’étaient les textes seulement et non les hommes qui étaient défectueux, — interdisaient avec les inventeurs tous arrangemens préliminaires sauvegardant leurs intérêts matériels. Une loi nouvelle prévoit l’achat des brevets susceptibles d’intéresser la défense nationale.

Les mêmes règlemens excluaient, — on s’en est souvent plaint dans la presse — l’inventeur des expériences exécutées dans les ateliers de l’Etat. Le Ministre a modifié cet état de choses qui pouvait être parfois nuisible, et les inventeurs, lorsque leur projet aura été pris en considération, verront accueillir avec bienveillance leur collaboration pour la mise au point dans les établissemens techniques dépendant du ministère des Inventions.

Enfin certaines propositions dont l’étude et la mise au point, bien qu’elles dussent a priori donner des résultats positifs, avaient dû être négligées, à cause du temps très long qu’elles nécessiteraient, seront maintenant mises au point à loisir sans considération de durée, grâce à l’ampleur des moyens d’étude dont dispose le nouveau ministère, et qui permettront d’économiser un temps précieux dont les services centraux de la Guerre n’eussent pu disposer qu’aux dépens des travaux urgens qui leur incombent.

Le temps n’est plus où l’on pouvait dire : « Ce n’est pas la peine d’entreprendre cela ; avant que cela soit terminé, la paix sera signée. » Ce faux raisonnement a été cause en partie de notre lenteur à mettre en œuvre l’approvisionnement du front en artillerie lourde et en munitions, et de l’abandon prolongé de nos usines et de nos services techniques.

« Ne retombons pas, comme l’a dit M. Painlevé, dans la même erreur qui nous a déjà coûté si cher. Au début de la guerre déjà, il était trop tard, disait-on, pour improviser. Il ne suffit pas aujourd’hui de déplorer les retards qu’a entraînés cette erreur systématique de jugement. Il s’agit de n’y point retomber. »

Mais il ne s’est agi jusqu’ici que des inventions proposées en quelque sorte spontanément et d’une manière tout indépendante par les chercheurs. Le rôle du nouvel organisme sera aussi d’orienter en quelque sorte les efforts de tous ceux-ci, et en particulier des découvreurs professionnels, qui sont l’honneur de nos grands