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et fournira la marine marchande des équipages suffisans ? En ce qui concerne la mobilisation militaire, il semble qu’elle ait été aussi complète que possible. Il ne reste plus d’embusqués. On pourrait seulement reprocher à la Marine d’avoir mobilisé tardivement les pêcheurs dont l’industrie ne présentait pas un intérêt général évident et d’avoir abrité pendant quelques mois, sous la fausse qualification d’inscrits maritimes, des marins qui n’avaient plus de raison de prétendre à ce titre. Le mal n’a point été, toutefois, aussi grand qu’on pourrait se l’imaginer. Beaucoup d’administrateurs avaient, au début de la mobilisation, révisé leurs matricules et rayé d’office ceux qui ne devaient point y figurer. Quant aux petits pêcheurs laissés dans leurs foyers du 2 août au 22 décembre 1914 et qu’on aurait pu lever immédiatement, le nombre n’en était point très élevé. Comme à cette époque-là les dépôts de la Guerre, aussi bien que ceux de la Marine, regorgeaient de personnel, leur mobilisation eût été sans doute plus gênante qu’opportune. Il n’en est pas moins vrai, ainsi que nous le disions plus haut, qu’il eût été préférable de séparer, dès le temps de paix, le sort de ces petits pêcheurs de celui des marins dont l’activité est certainement aussi nécessaire pendant la guerre que l’action militaire elle-même, et de songer, en conséquence, à assurer les besoins de la flotte commerciale, ce à quoi le législateur lui-même n’avait pas songé.

On peut se demander, en effet, si ces besoins ont été satisfaits assez largement, et si, par conséquent, le second objectif a été atteint comme le premier, étant donné qu’il n’était pas moins essentiel ?

À ce titre, la mobilisation des inscrits a donné lieu à des critiques assez vives de la part de certains membres du Parlement, notamment de M. de l’Estourbeillon, de l’amiral Bienaimé et de plusieurs de leurs collègues, qui ont étudié cette question avec compétence[1].

Pour ce qui est de la petite pêche côtière, nous savons qu’on a permis aux inscrits d’achever leur campagne d’été de 1914, et c’était, à mon avis, tout ce qu’on pouvait leur accorder. En ce qui concerne la pêche au large, le ministre a fourni des équipages au cinquième des goélettes armant, d’ordinaire, ce qui

  1. Documens parlementaires. J. O. Annexes n° 995 — 1008 — 1031 — 1242 — 1298 — 1319 — 1330 — 1358.