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réduisant d’autant les prévisions du Bureau des équipages. De son côté, le ministre de la Guerre, qui ignorait le degré d’instruction militaire des réservistes dont elle allait hériter, avait besoin de les sélectionner et de les connaître pour les incorporer dans son armée.

Quoi qu’il en soit, quand la guerre éclata, la Marine avait encore a sa charge tout le bloc des réserves de l’Inscription maritime.

Nous allons rechercher comment elle s’est tirée de la situation difficile dans laquelle elle se trouvait du fait du retard apporté d’abord au vote de la loi de 1913, puis à l’exécution de cette loi.

Dans cette occurrence, la Marine devait poursuivre un double but : procurer à la Défense nationale le maximum des réserves dont elle disposait et fournir à la marine marchande les équipages suffisans pour lui permettre d’assurer le trafic commercial, dans la mesure où il était utile aux intérêts généraux du pays. C’est d’un heureux équilibre entre ces deux tendances contradictoires que devait sortir la solution du problème. Et, lorsqu’on examine les résultats à atteindre, on peut même se demander si le plus important à réaliser n’était pas justement de laisser à la marine marchande les effectifs nécessaires pour lui maintenir toute son activité, à condition d’apprécier quels étaient les navires, quel était le genre de navigation qui devaient bénéficier des dispositions de la loi. On voit que la question était complexe. Cette préoccupation constante de ne pas affaiblir notre marine marchande, afin qu’elle profitât de la liberté des mers, devait dominer toutes les décisions du Département en matière de rappel des inscrits, sans que celui-ci méconnût, cependant, le devoir supérieur de tout citoyen vis-à-vis de sa dette militaire. En d’autres termes, la Marine devait procéder à une mobilisation à la fois militaire et industrielle de la population maritime, la guerre actuelle ayant d’ailleurs démontré, sur terre comme sur mer, que tel était le but auquel devait répondre l’appel de la nation armée.

Le 31 juillet, avant même que l’ordre de mobilisation générale fût lancé, la Rue Royale, qui tenait à avoir des navires prêts au combat, avait profité des dispositions particulières de la loi de 1896, pour rappeler individuellement les marins nécessaires au premier armement des navires, c’est-à-dire la classe A