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triple de ce qu’elle était à la fin du second Empire, il ne suffira pas de la doubler comme en 1871 et 1872 pour acquitter nos charges nouvelles. Cependant, l’effort demandé au pays fut déjà considérable : aux dépenses militaires proprement dites, s’ajoutèrent celles de la liquidation, de l’indemnité à payer et de la réorganisation complète de nos armées, de nos arsenaux, de nos forteresses.

L’un des traits nouveaux du financement de la guerre de 1870 fut l’intervention de la Banque de France, qui jamais encore ne s’était produite dans une pareille mesure. Le gouvernement s’adressa à elle pour obtenir des avances, qui s’élevèrent successivement à près de 1 600 millions. Dès le 18 juillet, la Banque, vis-à-vis de laquelle l’État n’était engagé que pour 60 millions à lui avancés en 1857, escompte pour 50 millions de francs de Bons du Trésor ; le 18 août, ce chiffre est porté à 100 millions ; le 19 août, la Banque prête 40 millions, contre garantie de titres, à la Caisse de dépôts et de consignations, pour lui permettre de fournir aux Caisses d’épargne les fonds réclamés par les déposans. Le 23 septembre, un crédit de 75 millions est ouvert à Paris au gouvernement de la Défense nationale ; le 5 décembre, un nouveau crédit de 200 millions est accordé. Le 11 janvier 1871, la Banque avance 400 millions, garantis par les forêts domaniales ; elle reçoit des Bons du Trésor à 3 mois, qu’elle escompte au taux de 3 pour 100. Pendant que ces opérations s’effectuaient dans Paris investi, d’autres prêts étaient consentis par la Banque, en province, à la délégation du gouvernement, qui s’était transportée d’abord à Tours, puis à Bordeaux. Au mois de juillet 1871, le total des avances, y compris l’ancien découvert de 60 millions, s’élevait à 1 530 millions.

Le cours forcé des billets avait été établi par une loi du 12 août 1870, qui fixait à 1800 millions le maximum de la circulation. Ce maximum avait été, par étapes successives, porté en dernier lieu à 3 200 millions par la loi du 15 juillet 1872. Dès le 2 janvier 1872, l’État s’était engagé à rembourser à la Banque 200 millions de francs par an ; en 1878, il avait acquitté l’intégralité de sa dette, à l’exception de 80 millions, qui s’ajoutèrent aux 60 millions avancés depuis 1857. En 1896, à la veille du renouvellement du privilège de la Banque, l’avance permanente consentie au Trésor fut élevée à 180 millions et cessa de produire intérêt. En 1911, elle fut portée