Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 31.djvu/423

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les assignats, au moyen desquels l’Assemblée espérait faire face au déficit et dont l’incroyable abus devait accumuler de si effrayans désastres dans notre pays. Le 22 septembre 171)0, Lebrun, au nom du Comité de liquidation, présentait un rapport, d’après lequel le capital de la dette flottante atteignait 1 350 millions, sans compter 400 millions d’assignats. Le 29 du même mois, l’Assemblée en créa 800 millions de plus. Un an plus tard, le 16 août 1791, était instituée la Trésorerie Nationale, composée de six commissaires, placée directement sous le contrôle du Comité des finances de l’Assemblée. Au mois d’avril 1792, Cambon déclarait à l’Assemblée législative que les engagemens du Trésor étaient les suivans :


Arrérages de la Dette constituée 185 millions
Capital de la Dette exigible 1 950 —
Assignats 1 564 —

Le 23 septembre suivant, deux jours après la première séance de la Convention dans laquelle la royauté avait été abolie, Cambon rendit compte de la situation : « Il n’y a plus, dit-il, d’autre ressource financière que les assignats, tous les impôts sont taris. Le gouvernement ne peut ni emprunter ni s’imposer. » La loi du 4 octobre 1792 porta à 2 400 millions la circulation des assignats : elle devait atteindre 40 milliards.

Au milieu de tant de mesures funestes, il faut signaler l’heureuse initiative prise par Cambon lorsqu’il créa le Grand Livre. La Dette dite constituée se divisait en deux catégories. La première comprenait les rentes de l’Hôtel de Ville ; la seconde, les rentes constituées à la charge des anciens pays d’Etat, des communautés religieuses ou industrielles, les dettes des communes, des fabriques et du clergé, exigeant une annuité perpétuelle de 89 millions. Au passif figurait en outre la Dette exigible à terme fixe, provenant des divers emprunts remboursables avec primes contractés sous le règne de Louis XVI : de ce chef, 416 millions étaient dus à Paris, 12 millions à l’étranger. La dette exigible liquidée et à liquider se composait du capital des offices de judicature, de finances, de jurande et autres supprimés le 14 juillet 1789, évalué à 626 millions. À ces sommes, il y avait lieu d’ajouter les assignats mis en