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Une ordonnance de 1316, de Philippe V dit le Long, constitue des rentes viagères et des rentes perpétuelles à la charge du Trésor royal. Un mandement de Charles V, de 1364, charge les conseillers du diocèse de Rouen de lever un emprunt et de donner les ordres pour en garantir le service. L’existence d’une Dette publique, dès le XIVe siècle, est attestée par Sully, qui déclare soumises à la révision « toutes les dettes du Roi, même celles contractées avant 1375. » La plupart portaient intérêt, malgré l’hostilité que l’Eglise témoigna longtemps à ce genre de placement. C’est sous François Ier que furent constituées les premières rentes dites de l’Hôtel de Ville. Une administration indépendante du Trésor royal, ne relevant que de l’autorité municipale, fut constituée à Paris. Par lettres patentes du 2 septembre 1522, le Roi donne pouvoir à des commissaires d’aliéner jusqu’à 25 000 livres tournois de renie, à raison de 10 pour 100 et au-dessous, avec engagement sur les aides, gabelles et impositions en la ville de Paris et autres lieux. En 1536, une nouvelle somme de 100 000 livres est fournie au Roi, en échange de 8 333 livres 6 sous 8 deniers de rentes, à répartir entre les « habitans aisés de la ville. » Cela représentait un emprunt contracté au taux de 8 1/3 pour 100 (denier douze, c’est-à-dire un denier pour douze). Le droit de rachat perpétuel était expressément réservé au Roi.

Désormais, beaucoup d’emprunts royaux se firent par l’intermédiaire et sous la garantie des prévôts et échevins de Paris. On admet qu’en 1560, le capital de la Dette s’élevait à 42 millions de livres ; il ne cessa d’augmenter jusqu’à la fin du XVIe siècle. Sully, le grand réformateur, s’attacha à l’apurement des comptes. Dès 1593, il proposa à Henri IV de dresser un état de « toutes les dettes auxquelles la France pouvait être engagée, soit à cause des engagemens ou aliénations des domaines, soit par création ou constitution de rentes, soit pour toute autre cause. » En 1604, l’enquête était terminée : une révision aussi équitable que possible réduisit de 6 millions le service annuel de la Dette.

Un siècle plus tard, à la fin du règne de Louis XIV, le contrôleur général Desmarets dut recourir à une mesure analogue : en 1710, une déclaration du Roi prononça la réduction au denier 20, c’est-à-dire à 5 pour 100, de toutes les rentes dues par l’État ; en 1713, il diminua le capital d’un certain nombre