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Quant aux socialistes, comme ils ont toujours préconisé la « compulsion de tout homme pour servir son pays en paix et en guerre, » ils se déclaraient en faveur du service obligatoire. C’est l’un d’entre eux, nous l’avons vu, M. Robert Blatchford, qui, en 1909, écrivait en faveur de la conscription le plus éloquent plaidoyer, et il existe un Comité socialiste de défense qui, dès le début de la guerre, réclamait une mobilisation industrielle, aujourd’hui partiellement réalisée par le programme de M. Lloyd George. C’est que le Parti socialiste s’attache aux intérêts de la collectivité, même au détriment des libertés.

Le Labour Party, au contraire, se consacrant au maintien et à la conquête des droits de la classe ouvrière, s’opposait délibérément à la conscription, dans la crainte que celle-ci mit fin aux libertés si chèrement acquises par les travailleurs. Aussi a-t-il fait de grands efforts pour appuyer le voluntary System, et il est devenu un organe de recrutement des plus actifs, des plus précieux pour lord Kitchener. Tout un plan de recruiting campaign a été élaboré sous la direction des membres du Parlement travaillistes et, au récent meeting tenu à Camberwell, M. Bowerman déclarait en termes énergiques « que le Labour allait mettre bas sa cotte et relever ses manches pour obtenir encore plus d’hommes. »

Aussi, le Parti lançait dernièrement un manifeste aux travailleurs :

« Un appel aux hommes libres,

« Camarades compatriotes, à aucune époque de l’histoire, notre nation ne s’est trouvée en face d’une telle crise : grâce au voluntary System, nous avons levé de grandes armées dont les exploits nous rendent fiers. Cependant, si les principes en sont maintenus, 30 000 hommes par semaine doivent être trouvés pour soutenir la puissance de nos armées et assurer une victoire qui libérera le monde de la tyrannie germanique. En ce moment, dans le pays, il y a des dizaines de milliers d’hommes d’âge militaire, physiquement aptes, qui n’ont pas encore rallié les drapeaux, et pour lesquels équipement et munitions sont prêts. Nous faisons appel à tous ceux-là pour prendre immédiatement leur part du fardeau, non seulement parce qu’ils défendront ainsi leurs propres intérêts, mais parce que leur action préservera les intérêts vitaux de la nation. Ce n’est pas qu’ils manquent de courage pour s’enrôler, mais ils ne se