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monde ont répondu volontairement et sacrifié famille, foyer, existence même. Mais la fin n’est pas encore en vue,… des hommes toujours de plus en plus (more men and yet more) sont nécessaires pour assurer la victoire. Je vous demande, hommes de toutes classes, de venir volontairement prendre part à la lutte… »

On voit que dans cet appel émouvant, le mot voluntary, si cher aux oreilles anglaises, revenait à deux reprises sur la bouche royale. Comme le King’s appeal suivait de près la mort de miss Cawell, dès le lendemain, un flot de recrues assiégeait la plate-forme de Trafalgar-Square pour y signer leur enlistment, et, au milieu d’une foule immense, têtes découvertes et fronts inclinés, la résolution suivante était votée :

« Nous citoyens de l’Empire britannique déclarons que nous ne remettrons pas l’épée au fourreau avant d’avoir vengé l’assassinat de miss Cawell. »

Le message royal trouvait un écho jusqu’au-delà des mers, et le 5 novembre le gouverneur général du Canada télégraphiait au secrétaire d’État aux Colonies qu’une mobilisation était décrétée pour atteindre le chiffre de 250 000 hommes, en augmentation de 100 000 sur le contingent canadien déjà fourni.


Si le Roi, faisant appel à de nouveaux soldats, pouvait rendre un solennel hommage à ses armées de volontaires, c’est que les résultats du voluntary System anglais ont été admirables et tels qu’aucune autre nation n’aurait su les égaler.

Le War Office n’a jamais fait connaître le chiffre officiel des engagemens. On peut toutefois essayer de s’en faire une idée d’après certains indices. Dans son grand discours du 2 novembre, M. Asquith a parlé de 2 500 000 hommes transportés par les flottes anglaises. Si l’on en défalque près de 500 000 blessés et malades rapatriés, total des pertes et déchets au 9 octobre, il resterait approximativement deux millions d’hommes combattant ou en service hors du Royaume-Uni. Aux Dardanelles par exemple, le chiffre des pertes avait atteint récemment 98 000, sans compter 76 000 malades ou réembarqués. Il semble ainsi que les forces anglaises dans la presqu’île de Gallipoli n’ont pas absorbé moins de 300 000 hommes. Sur