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et de celles qui, plus en arrière, empêchent de la dépasser ; c’est la rafale d’obus qui brise l’assaut ennemi avant qu’il soit à portée ; ce sont les obusiers et canons lourds qui écartent l’artillerie légère adverse. Le rôle de la fortification n’est cependant pas négligeable. Et sa technique se perfectionne. Les tranchées elles-mêmes, d’abord, qui couvrent contre la balle, sont soigneusement boisées, parfois renforcées de longrines en fer, munies de traverses pour arrêter les coups d’enfilade, articulées à des fortins. On les installe confortablement, on épuise l’eau. Contre la vue des observateurs, on organise des couvercles en planches et en branchage ; on se dissimule complètement. Enfin on bétonne la paroi, pour la rendre plus résistante aux coups de l’artillerie moyenne. Puis voici les abris souterrains, parfois aménagés dans des caves ou des carrières, souvent pratiqués en pleine terre. On en vient à bétonner leur plafond. C’est une nouvelle guerre qui commence, la guerre des catacombes. On y installe, en galerie, des chambres pour les états-majors, des salles de repos, des ambulances de première ligne, des dépôts de munitions, et de vivres, des pièces de réserve, etc.

Avant de quitter la tranchée proprement dite, signalons quelques-uns de ses auxiliaires. En premier lieu, le fil de fer. Il en est devenu inséparable. Toute tranchée est précédée d’un réseau quelquefois multiple de fils de fer barbelés tendus au-devant d’elle. Pour passer, ou bien il aura fallu qu’un véritable orage d’obus ait réussi à opérer des destructions à peu près complètes, ou bien les assaillans devront, sous les balles, couper le fil de fer avec des pinces. On commence à intercaler dans les réseaux des poutres de bois ou des fer à T. Contre les grenades, on se couvre encore de panneaux de toile métallique.

Derrière tous ces abris, l’homme est relativement protégé, mais il ne pont se montrer aux créneaux pour tirer sans s’exposer. On a donc inventé le périscope de tranchées, instrument d’optique comprenant un oculaire qu’on peut faire émerger au-dessus du parapet et un système de miroirs ou de prismes renvoyant l’image par en bas. Il ne resterait plus qu’à adapter au fusil lui-même un pointage indirect par périscope pour faire disparaître complètement le combattant.

Le boyau est une tranchée d’accès, non de combat. Il met en communication les parallèles : c’est l’artère de circulation.