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enfans ; mais ils sont, dans une certaine mesure, maîtres de leurs mouvemens.

Il y a donc les renseignemens de l’observateur aérien toujours présent, mais immobile et placé un peu trop en arrière, et les renseignemens intermittens des reconnaissances mobiles, qui vont survoler les lignes ennemies. La collaboration des avions avec les ballons pourrait devenir plus directe. Rien n’oblige à supposer que l’oiseau automobile, malgré ses immenses supériorités, devra faire disparaître son ancêtre, le plus léger que l’air. En général, les armes successives subsistent les unes à côté des autres en se spécialisant ; et leur meilleure raison de ne pas se supprimer réciproquement est de se rendre de mutuels services. Si l’on cherche quelle aide le ballon, et en particulier le ballon captif, pourrait apporter à l’aéroplane, on en entrevoit une assez singulière. Le ballon ne pourrait-il servir de perchoir à l’avion ?

Celui-ci ne saurait rester en l’air sans se mouvoir et n’y restera jamais sans manœuvrer. Cela lui serait pourtant utile à l’occasion. Que ce soit pour se reposer, visiter son moteur ou se réapprovisionner, s’il doit descendre, il perd un de ses gains les plus précieux : l’altitude. Si nos aviateurs du camp retranché de Paris avaient pu s’élancer à la chasse des « taube, » non plus de la surface du sol, mais de mille mètres au-dessus, ils auraient gagné sept ou huit minutes, c’est-à-dire le temps nécessaire à une avance d’une douzaine de kilomètres au moins. Or, rien n’empêcherait un ballon de s’élever en portant deux ou trois aéroplanes veilleurs suspendus au-dessous de lui, à l’extrémité de câbles disposés à cet effet. Reste pour eux la difficulté de s’en détacher en mettant en marche. Si elle est insoluble aujourd’hui, ce que nous ne saurions dire, en l’absence de toute expérimentation correspondante, elle ne le serait évidemment plus le jour où l’aéroplane deviendrait capable de se soutenir sur place ou de grandement ralentir sa vitesse. Et dès ce même jour, il parviendrait sans doute à se raccrocher lui-même aux basques du ballon captif. La reconnaissance aérienne, au lieu de perdre le temps nécessaire à prendre hauteur, pourrait se lancer instantanément ; elle pourrait de même trouver un relais provisoire.

Elle est exposée aux coups de l’adversaire dont elle surprend les secrets. La balle de fusil ou de mitrailleuse monte à