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Mais nous qui n’avons que Dieu pour nous défendre contre les méchans, nous ne souffrirons pas qu’on nous le ravisse. La nécessité d’une autre vie pour rétablir l’équilibre des choses humaines et de la justice distributive, le seul contraste de l’innocence opprimée et de l’injustice triomphante nous démontrent une Providence bienfaisante et l’immortalité, dont l’Auteur de notre âme l’a douée. En vain accumulerait-on les objections et les sophismes, nous répondrions avec notre cœur, si nôtre esprit ne trouvait pas de réponse. Nous embrasserions cette grande idée, parce qu’elle honore, parce qu’elle console l’homme dont la vie, moins respectée que celle des plus vils animaux que l’on ne fait périr que pour ses besoins, deviendrait vraiment intolérable, si elle n’était pas prolongée dans une autre patrie que la force, l’ignorance, la cruauté, la démence dont nous sommes les jouets ici-bas, ne pourront jamais atteindre. Mais si l’homme simple juge par sentiment qu’il est une Providence, qu’il est une autre vie, l’homme éclairé le juge également par la raison et par le sentiment.


EXPOSÉ DE LA PREMIÈRE PARTIE

L’existence de Dieu et sa Providence expliquent toutes les difficultés. L’homme vertueux peut gémir sur la terre, mais, en mourant, il devient libre et va jouir dans le sein de son Auteur des délices ineffables que le méchant n’est pas digne de connaître ni capable de sentir.


EXPOSÉ DE LA SECONDE PARTIE

L’homme vertueux peut gémir sur la terre, mais nous n’avons pas le droit de nous en étonner, parce que les malheurs, inévitablement attachés à l’humanité, dépendent du grand ordre qui régit la nature et ne restent pas sans compensation ; parce que, d’ailleurs, le sort des méchans n’est jamais préférable à celui des gens de bien.

Puisse ma faible voix attirer votre attention, messieurs, sur ces vérités. Je n’oserais pas vous en entretenir par la crainte de nuire, en l’affaiblissant, à une cause si belle, s’il ne s’agissait pas ici plus encore de sentir que de raisonner. Pourquoi se perdre dans des discussions métaphysiques quand il ne faut être qu’homme ? A quoi bon des analyses savantes, quand on n’a besoin que de l’équité et de la sensibilité naturelle ? Demandons