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France ne devait pas être victorieuse ? Elles seraient la rançon de la défaite au lieu d’être le prix de la victoire. Je fais appel à tous ceux qui, dans le cercle où ils vivent, peuvent dire un mot qui éclaire leurs concitoyens. Je compte sur eux tous, sur les Chambres de commerce, sur les syndicats, sur les associations qui m’ont promis leur concours, sur les banques, sur la presse, qui nous a donné une aide si puissante pour l’émission des Bons et des Obligations de la Défense nationale. Je fais appel aux riches comme aux pauvres, aux humbles comme aux puissans. Qu’ils viennent sceller l’unité de la nation, qu’elle se lève, cette armée de l’épargne française : comme celle qui se bat, elle est l’armée de la France, ou plutôt elle est la France elle-même. Saluons-la : c’est elle qui nous aidera à combattre et à vaincre. »

Tout commentaire affaiblirait ces paroles. Elles ont été affichées dans toutes les communes du territoire. Tous nos concitoyens ont pu les lire et les méditer. Nous ne doutons pas qu’ils n’agissent comme le leur conseille le ministre des Finances, dont jamais l’inspiration n’a été plus élevée. Nous n’ajouterons qu’un mot : les égoïstes eux-mêmes pourront répondre à l’appel de M. Ribot sans faire violence à leur caractère, car l’acte patriotique qu’ils accompliront sera en même temps un merveilleux placement ; ils auront la signature de l’Etat français à une cote double de ce qu’elle était il y a peu d’années. Au début du XXe siècle, notre 3 pour 100 dépassait le pair ; aujourd’hui, c’est presque du 6 pour 100 qui est donné aux souscripteurs. Le crédit de la France n’est pas ébranlé ; il est au-dessus de toute discussion ; personne, ni dans le pays, ni à l’étranger, ne met un instant en doute notre puissance financière. Mais, en présence des appels énormes qui sont adressés de toutes parts à l’épargne, il est naturel que des conditions particulièrement avantageuses lui soient consenties. De pareilles occasions se rencontrent rarement. Des générations ont pu passer sans les voir s’offrir à elles. Tous les hommes avisés voudront en profiter et emploieront une partie de leur fortune à souscrire à l’emprunt national 5 pour 100 de 1915.


RAPHAËL-GEORGES LEVY