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africain pour envahir l’Union et y proclamer la République. S’engageant dans la même voie que le colonel Maritz, les généraux De Wet et Beyers se révoltaient à leur tour.

Ces graves circonstances contrariaient l’offensive de nos alliés. Il avait fallu rappeler des frontières et de Lüderitzbucht spécialement une grande quantité de troupes montées et de canons. La situation, à ce moment, fut difficile. Le traité de Vereeniging et la Constitution de 1910 étaient menacés d’être remis en discussion. En même temps, la question musulmane venait joindre de nouvelles incertitudes à ces événemens déjà troublés. Nombreux sont, en effet, les musulmans qui habitent l’Afrique du Sud. Qu’allaient-ils faire, puisque la Turquie se déclarait contre les Alliés ?

Ce fut alors qu’un désastre naval vint très à propos enlever aux Allemands un de leurs principaux appuis. L’Emden était détruit en Océanie et le Kœnigsberg embouteillé dans le fleuve Rufidji de l’Est africain. Depuis plus de deux mois, le Kœnigsberg constituait une menace pour les vaisseaux naviguant à l’Est de l’Afrique et dans les eaux de Madagascar. Le consul de France à Cape Town, M. Emile Jore, ne fut pas étranger à l’embouteillage du croiseur ennemi. Les renseignemens qu’il donna, par télégraphie sans fil, furent grandement utiles.

Sur ces entrefaites, après une poursuite acharnée de plusieurs jours, à cheval et en automobile, le 1er décembre 1914, De Wet était rejoint et fait prisonnier près de Vrybourg, dans le Bechuanaland. Le lieutenant-colonel Jordaan recevait la reddition des troupes qui accompagnaient ce général rebelle. C’était la fin prochaine d’une triste révolte où s’est ternie la gloire de valeureux soldats.

L’offensive allait être reprise avec une activité nouvelle, appuyée par l’importante escadre britannique qui se trouvait à Simonstown. Le projet d’attaque semblait tenir dans les indications suivantes : offensive menée à l’Ouest par Swakopmund, sur la côte, puis par Prieska et Upington, au Sud-Est. Il fallait marcher sur Windhuk, où se trouve une importante station de télégraphie sans fil. Tenir la capitale, c’était couper l’importante voie ferrée reliant le Nord au Sud.

A ce moment, tandis qu’il fuyait, le général Beyers se noyait le 3 décembre en voulant traverser la rivière Vaal, près de Zandspruit dans l’État d’Orange.