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VERS LA GLOIRE

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PREMIERE PARTIE

LA FUITE DE L’AMOUR

I

Que de jeunes hommes avant Jui étaient ainsi entre’s dans la ville ! Des jeunes hommes agite’s des mêmes sentimens, ambitieux, véhémens, amoureux de la chimère, curieux de la réalité, et riches de tant de désirs qu’il leur semblait impossible de ne pas en saisir les formes errantes, de ne pas posséder le monde!... C’était ici une de ces cités où l’on venait de loin chercher les moyens de parvenir, — fortune, célébrité, l’une et l’autre quelquefois ensemble; — où, depuis des siècles, les mêmes espérances avaient fait le même pèlerinage passionné et fervent; un foyer de science, un sanctuaire de sagesse dans lequel se continuaient les traditions des enseignemens antiques, et que l’esprit humain avait toujours regardé comme un de ses lieux de prédilection. Si grand est le prestige de l’Idée que, malgré les vicissitudes de leur histoire, ces villes ne cessent pas de rayonner d’un éclat particulier au milieu de tout ce qui se lève autour d’elles ; elles sont comme marquées d’immortalité. Confusément, Michel Sorguier pensait à ces choses en quittant le train qui venait de le déposer dans la gare de Montpellier. Il était dix heures du soir; peu de voyageurs étaient des- (1) Copyright by Jean Bertheroy, 1915.