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frontière : au confluent de la Lobaye et de l’Ubangi, puis à celui de la Sanga et du Congo.

Nous avons dit plus haut que, le 24 août 1914, les instructions données au gouverneur général du Congo lui ordonnaient de prêter aux Alliés tout l’appui de la colonie. Plusieurs fois, le gouverneur général fit en effet connaître à M. le gouverneur de l’Afrique équatoriale française qu’il mettait entièrement à sa disposition les forces militaires réparties entre Borna et Libenge, soit environ 800 hommes, quelques pièces d’artillerie et des mitrailleuses. Au commencement de septembre, l’aide des Belges fut réclamée. Les Allemands attaquaient les positions que les Français avaient conquises dans la Sanga. Des indigènes étaient venus renseigner le lieutenant Bruère, chef de la circonscription de l’Ibenga-Motaba. D’après ces indications, une forte colonne ennemie devait descendre la rivière Ibenga pour se porter à Dongou. Dès que les autorités locales belges eurent connaissance de ces bruits, elles envoyèrent de Léopoldville un détachement pour renforcer la garnison française de Dongou. Cette colonne se composait d’un officier commandant 150 fusils, d’une mitrailleuse, d’un Nordenfelt et de deux canons en bronze. Quelques jours après, toute menace était dissipée. Les troupes belges regagnèrent le poste d’Imese où elles attendirent l’occasion d’une intervention nouvelle. La garnison de Libenge reçut l’ordre de prêter aux Français l’appui qui lui serait demandé.

Les Belges avaient un intérêt particulier à soutenir les Français dans cette partie de l’Afrique. En effet, un succès des Allemands dans la Sanga les portait sur le Moyen Congo. Une fois arrivés là, ils menaçaient le nœud des grandes voies de communications fluviales qui conduisaient du Haut Congo au chef-lieu de la colonie et à l’Océan. D’autre part, depuis 1911, les visées de l’Allemagne sur les territoires belges de l’Ubangi étaient clairement apparues au gouvernement de Bruxelles. Depuis, nous avons appris les idées qu’avait là-dessus M. de Jagow. La Belgique était destinée, comme tous les petits Etats, à disparaître ou à graviter dans l’orbite des grandes Puissances, et l’absorption de la Belgique devait exceptionnellement entraîner celle du Congo belge.

En septembre 1914, un premier détachement partit pour la Sanga. Il était commandé par le lieutenant Bal et appuyé par le vapeur blindé belge Luxembourg, armé de deux canons et