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Un incident se produisit alors. Le 15 septembre 1914, le consulat des États-Unis d’Amérique, à Anvers, communiqua au gouvernement belge un télégramme du secrétaire d’État à Washington, daté du 24 du même mois, annonçant que le gouvernement allemand avait, le 22 août, remis une note à l’ambassadeur des États-Unis à Berlin. Suivant les termes de ce message, le gouvernement de Berlin se déclarait disposé à neutraliser le bassin conventionnel du Congo, conformément à la faculté reconnue par l’article II de l’acte de Berlin. Le deuxième Livre Gris, à la pièce numéro 54, nous éclaire sur ces incidens. Par l’intermédiaire du gouvernement espagnol, — dont le représentant a assumé, comme on le sait, la protection des intérêts belges en Allemagne, — le gouvernement du roi Albert fit connaître sa réponse. D’abord, il souligna la remise tardive de cette communication. Ensuite, il fit remarquer que, depuis le 22 août, les forces coloniales allemandes avaient ouvert les hostilités contre le Congo belge. A l’Allemagne, et à elle seule, revenait donc la responsabilité de l’état de guerre en Afrique comme en Europe.

Cependant, dans son numéro du 21 mars 1915, le Berliner Tageblatt lança l’affirmation que le poste allemand de Zinga, sur l’Ubangi, dans le Cameroun, aurait été pris dès les premiers jours d’août 1914, par des forces belges sous les ordres du commissaire de district, Tummers. L’attaque allemande au Tanganika n’était donc qu’une riposte h. une attaque belge antérieure contre le poste de l’Ubangi. Le bureau compétent belge répondit au Berliner Togeblatt. Il démontra que l’attaque de Zinga par les Belges était de pure invention. Leurs forces, en effet, n’étaient entrées en campagne que le 30 septembre 1914. En Afrique, comme en Europe, l’Allemagne n’a donc cessé de mentir.

A diverses reprises, les troupes belges sont intervenues depuis. Cependant, il convient de grouper les faits en deux campagnes distinctes, l’une dirigée contre le Cameroun, l’autre contre l’Est africain allemand. Celle-ci, d’ailleurs, prend chaque jour plus d’importance, comme on le verra à propos de la lutte engagée de concert avec les Anglais.

Depuis les accords de 1911, appelés en Belgique « le règlement congo-marocain, » la colonie allemande du Cameroun touche au territoire du Congo belge en deux points de sa