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En effet, le 26 août à dix heures trente, la colonne expéditionnaire franco-anglaise sous les ordres du lieutenant-colonel Bryant était arrivée à Anutschi. Deux officiers allemands vinrent au-devant des Alliés. Ils apportaient une lettre. Les Allemands se rendaient.

De tous les rapports reçux il résulte que les Allemands s’étaient fait une idée inexacte sur la force numérique des Alliés. Mais, même dans ces conditions, on peut s’étonner qu’ils n’aient pas tenté plus sérieusement d’entraver la marche de nos colonnes avant qu’elles n’eussent atteint Tsevie et Agbelufoe.

Une première fois, après l’affaire qui eut lieu près de Tsevie, l’ennemi eut la crainte de voir coupée sa ligne de retraite. Toute son attitude ultérieure procède de là. Ce n’était d’ailleurs pas sans raison, puisque les Allemands dépendaient exclusivement de leur chemin de fer. Si nous avions pu, poussant très au Nord, occuper la voie ferrée, ils se seraient trouvés pris comme dans une trappe.


D’après les renseignemens donnés alors, tout avait été détruit par les ennemis eux-mêmes dans le village de Kamina. Le lieutenant-colonel Bryant s’était engagé à n’entrer dans la place que le 27 à huit heures. Respectant ces conventions, la colonne française s’installa dans un petit village proche, Ssutoë, où à dix-huit heures se présentait de la part du chef anglais le capitaine Hornby ; il venait à son tour avertir le commandant Maroix de la capitulation imposée aux Allemands et acceptée par eux. Il demandait au commandant Maroix de bien vouloir joindre un détachement à celui de la colonne alliée pour entrer à Kamina.

Nous y entrions le lendemain matin à huit heures. — D’une part, une troupe alliée ayant en tête la brigade Castaing, — ainsi l’avait voulu par courtoisie le colonel anglais, — arrivait par la route venant du Nord-Ouest. D’un autre côté, la colonne française y débouchait par l’Est. Ainsi réunies, les deux troupes rendaient les honneurs aux drapeaux des deux nations. Ce fut sous le soleil africain la communion de deux grands peuples dans une même pensée d’estime réciproque. Immédiatement après cette cérémonie, le lieutenant-colonel Bryant notifiait au gouverneur von Doering les instructions concernant la