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forte résistance. Malgré cela, l’ennemi l’avait abandonné vers six heures en emportant l’appareil téléphonique.

Le 26, au point du jour, la colonne, laissant ses bagages sous la garde d’une section à Ololé, marcha sur la position de Kamina par le petit sentier qui traversait successivement les villages Adjami, Apaka et Ssutoë où elle arriva à neuf heures et demie. Tous les chefs de village étaient absens. La colonne traverse Ssutoë à moins de 5 kilomètres de Kamina à l’Est. Un bon chemin y conduit. A onze heures, l’avant-garde était à 800 mètres de Kamina. Deux sections portées en avant couvraient la tête de la colonne pendant la reconnaissance du terrain. Kamina est entourée par une haute brousse épaisse. Les Français, occupant une position d’attente, essayèrent de se lier avec la colonne anglaise. Sur ces entrefaites, le lieutenant-colonel anglais informa le commandant Maroix qu’il escomptait une capitulation prochaine des ennemis. Deux heures et demie plus tard, un nouveau message annonçait que la capitulation aurait lieu le lendemain. Le commandant Maroix répondit qu’il était avec ses troupes prêt pour l’attaque à 800 mètres de Kamina. De plus, il réclamait du gouverneur allemand von Doering un parlementaire pour traiter, mais il n’obtint pas de réponse. Le chef français somma alors les Allemands de se rendre. En l’absence persistante de nouvelle, les troupes se portèrent en avant. Au moment où les nôtres arrivaient à la lisière de la vaste zone débroussaillée en avant de Kamina, ils aperçurent une quinzaine de drapeaux blancs. Deux groupes d’Européens étaient rassemblés dans des parties défilées. Un parlementaire quitta enfin le voisinage du pavillon du gouverneur et s’avança au-devant de l’officier-adjoint, le capitaine Friry, qui, accompagné d’un clairon porteur d’un fanion blanc, dépassa la ligne française.

Dans cette entrevue, l’officier allemand qui se présentait déclara au commandant français que, le matin même, une capitulation sans condition et pour toutes les troupes du Togo avait eu lieu entre les mains du lieutenant-colonel Bryant. Il ajoutait que le gouverneur von Doering s’estimait protégé par les drapeaux blancs arborés sur les divers bâtimens. Quelques instans après cette déclaration faite au nom de l’ennemi, était apportée une lettre du gouverneur du Togo. Elle confirmait les paroles du parlementaire. Des excuses étaient exprimées pour ne l’avoir pas envoyée plus tôt.