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de l’expédition anglaise est que son organisation avait été l’œuvre d’un officier vraiment à la hauteur de sa tâche.

Pour apprécier comme il convient la situation des Allies devant dira, faisons remarquer le manque complet de communication entre les différentes colonnes d’attaque et partant l’impossibilité pour le commandant en chef de suivre les progrès faits par chacune d’elles. La conséquence fatale en était le manque de liaison. Chaque colonne devait opérer pour son propre compte à cause de l’épaisseur de la brousse couvrant le pays. Le lieutenant-colonel Bryant devait ainsi diriger un tout dont les parties, dans une mesure variable, échappaient à son jugement. Faute de bonnes positions, les canons furent de peu d’utilité. Il vint s’y joindre deux inconvéniens sans remède. D’abord, l’absence de tous moyens d’observer le tir ; ensuite, la petite quantité de munitions par pièce qu’il est possible de transporter à dos d’hommes.

La brousse couvrant de son mystère, souvent impénétrable, l’ensemble du combat, les nôtres en étaient encore à se demander quelle était la force du parti ennemi. On sut depuis que les Allemands avaient disposé de 60 Européens et de 400 indigènes. Du côté franco-anglais, les pertes furent de 2 officiers et 21 indigènes tués et de 2 officiers, et de 48 indigènes blessés, donnant ainsi un total de 73 hommes hors de combat. Si on songe que c’était là un déchet de 17 pour 100 de nos effectifs engagés, on comprendra mieux le caractère cruel de ces luttes où la valeur de chacun supplée au nombre.

Quant aux ennemis, leurs pertes furent très peu élevées. Les retranchemens qui les abritaient l’expliquent. Tout ce qu’on apprit, ce fut la mort de 2 Européens tués.

Quoi qu’il en soit, dès huit heures, le village de Chra était en notre pouvoir.

Les 23 et 24 août furent employés à l’évacuation des blessés, à la réorganisation des convois de bagages et de vivres. De fortes patrouilles d’officiers furent envoyées sur Clei et vers la rivière Amu, qui coule de l’Ouest vers l’Est et constitue un des principaux affluens du Monu dont nous avons eu déjà l’occasion de parler plus haut.

Des renseignemens recueillis, il résultait que l’ennemi venait de recourir à des mesures désespérées. En effet, pendant la nuit du 24 au 25 août, on entendit le bruit d’explosions dans la