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colonne française se préparait à passer la frontière Nord, tandis que deux autres allaient attaquer par l’Est. Ainsi, toute résistance devait être vaine. Un délai de vingt-quatre heures, sous forme d’armistice, était donné au major ennemi pour faire connaître sa réponse. Le 6 août, à vingt et une heures, le parlementaire anglais était rentré à Quittah. Dès le lendemain, à dix-huit heures, il retournait à Lomé pour recevoir la réponse du gouverneur. Mais déjà, comme nous l’avons dit, la capitale avait été évacuée. Seul, le commandant du cercle était resté pour remettre aux mains des Alliés tout le pays jusqu’au parallèle à 120 kilomètres de Lomé.

Dès que le capitaine Barker eut fait savoir en quel état il avait trouvé Lomé, il lui fut télégraphié d’occuper la ville avec ses deux compagnies et de mettre le pays en état de siège.

À ce moment, il fallait, pour donner aux opérations l’extension nécessaire, envoyer des renforts aux premiers occupans, leur dépêcher deux compagnies et une section d’artillerie et choisir pour cet envoi entre la voie de terre ou celle de mer.

Le lieutenant-colonel commandant la colonne expéditionnaire du Togoland, constatant que quinze jours auraient été nécessaires pour gagner Lomé par terre, demanda par câble l’autorisation d’effectuer le transport des troupes par mer, ce qu’il obtint. Ainsi, le 10 août, à seize heures, le vapeur Êlele, amarré au quai de Sekondi, embarquait, en plus de deux compagnies et d’une section d’artillerie, les services de santé, de transport et de ravitaillement avec 800 porteurs. Afin d’éviter une attaque allemande, le bateau ne partit que la nuit venue. Il devait se rendre à Akra, amorce du chemin de fer qui monte vers le Nord et dont Mangoase est le point terminus. L’Élele navigua tous feux éteints. Parvenu à Akra, le petit corps expéditionnaire resta en rade pendant la journée du 11 et partit pour Lomé dans la nuit du 11 au 12 août. Arrivé sans incident, dès six heures commençait le débarquement des troupes et du matériel. Après quatre heures d’un travail fiévreux, toutes les troupes et les porteurs se trouvaient sur le quai et, six heures plus tard, le matériel avait été transporté à terre. Cette opération, menée si rapidement à bonne fin, était due au sage et vigoureux commandant du vapeur Élele, le capitaine Vardley.

Les journées des 12 et 13 août furent employées à l’organisation à Lomé des états-majors et de leurs différens services.