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seul de nos camarades allemands perdre son sang sur le champ de bataille, car une telle cure aussi radicale amène la paix au plus vite. » Quoi ! anéantir Londres ! Et c’est un catholique qui parle ainsi, un député au Reichstag, un leader du Centre ! Et pas un de ses coreligionnaires ne le désavoue ! Et pas un d’eux ne se souvient de l’accueil que les Jésuites allemands, bannis de l’Empire d’Allemagne, ont trouvé dans tout l’Empire britannique ! Quelle « aberration morale ! » : Assurément, depuis Windthorst, le parti dont il avait été la plus pure gloire a bien changé. « Il ne faut maintenant regarder le Centre que comme un parti allemand interconfessionnel, purement nationaliste. » Mais qu’il en fût venu ace degré d’abaissement et de servilité, — et d’immoralité antichrétienne, — c’est ce qu’on n’aurait pu concevoir avant la guerre. Et puisque aucun catholique allemand ne se lève pour désavouer les paroles impies de Mathias Erzberger, il faut qu’un catholique d’un autre pays proteste contre ces déclarations « effroyables, » pour l’honneur même et le bon renom du vrai catholicisme…

Tel est le ton, telle est la substance de la lettre ouverte de M. Prüm à M. Erzberger. Elle est d’un brave homme et d’un homme brave. Il faut souhaiter que le petit livre de M. Johannet soit traduit en plusieurs langues et se répande à l’étranger, parmi les neutres. Et si, traduit en italien, il trouvait de nombreux lecteurs dans les milieux du Vatican, je n’y verrais, pour ma part, nul inconvénient.


Il faut souhaiter aussi qu’un autre livre, plus significatif encore, puisqu’il est d’un Allemand, et, selon toutes les apparences, d’un Allemand authentique, soit lu non seulement chez les neutres mal informés ou flottans encore, mais en Allemagne. Il est d’ailleurs à présumer que, dans ce dernier pays, plus tard, après la guerre, l’ouvrage provoquera des commentaires passionnés et amèrement approbatifs. En attendant, on l’y discute brièvement, et l’on essaie d’en discréditer l’auteur, sur l’identité duquel on ne paraît pas d’accord, mais auquel, chose assez curieuse, personne ne semble refuser la nationalité allemande.

L’auteur anonyme de J’accuse ! — un titre qui nous rajeunit un peu, — a cru remplir, en publiant son livre, « un devoir