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LES ILLUSIONS PERDUES
DE
DEUX GERMANOPHILES[1]

Il y a quinze mois, l’Allemagne comptait quelques amis, et beaucoup d’admirateurs. Elle est en train de perdre les uns et les autres. En voici deux dont il est opportun d’entendre les déceptions et de recueillir le témoignage.


Le premier est un Luxembourgeois, et un Luxembourgeois catholique. Membre du Comité permanent des Congrès eucharistiques internationaux, commandeur de l’Ordre pontifical de Saint-Sylvestre, ancien député, bourgmestre de Clervaux et industriel de carrière, chef réputé et influent du parti catholique luxembourgeois, M. Emile Prüm était, avant la guerre, un fervent de la culture allemande, et, par ses relations, comme par ses sympathies, il se rattachait étroitement au grand parti du Centre. Chose curieuse, et triste d’ailleurs, et qui devrait donner à réfléchir à quelques-uns de nos compatriotes, il était antifrançais par catholicisme, et la politique scolaire et anticléricale du premier ministre, M. Eyschen, lui paraissait une fâcheuse importation française, qu’il se donnait pour mission de combattre avec ardeur.

Survint la guerre. Le Luxembourg apprit à connaître à ses dépens le mépris des « chiffons de papier » et les bienfaits de

  1. La conversion d’un catholique germanophile, par M. René Johannet, 1 vol. in-16. Paris, Bibliothèque des ouvrages documentaires ; — J’accuse ! par un Allemand, 1 vol. in-8. Paris, Payot.