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généralité seront, comme toujours, défendus par les seuls théoriciens, peu disposés à l’action. S’il arrive qu’il faille annexer quelques kilomètres carrés, ne se heurtera-t-on pas aussi à l’intervention de ces incorrigibles sentimentaux, pour lesquels une lutte à mort contre une bête enragée demeure, jusqu’au bout, un duel correct entre gens du monde ? Et, comme une solution négative tente toujours les indécis, ne risque-t-on pas, si l’on n’y prend garde, de voir, après quelques discussions, la force d’inertie imposer ses lamentables arrêts à des esprits non avertis ?


Au point où nous en sommes arrivés, il faut donc regarder ; au-delà de frontières trop étroites, dans la direction des bassins houillers allemands qui, sous une forme ou sous une autre, peuvent, dans l’avenir, comme ils l’ont déjà fait à prix d’or dans le passé, remédier à notre manque de charbon et de coke. L’un d’eux a déjà été étudié, c’est celui de Westphalie ; l’autre a été volontairement laissé de côté, c’est celui de la Sarre. Je parlerai d’abord du second pour lequel la solution qui s’impose est relativement simple ; nous passerons ensuite au premier.

La question de la Sarre est simple parce que ce bassin est une ancienne terre française qui nous a été enlevée seulement en 1815 et pour la reconquête de laquelle aucune objection de sentiment ne peut se poser, du moment que le sort des armés nous aura été favorable. La Sarre forme une annexe naturelle de l’Alsace-Lorraine, à laquelle elle est contiguë. Et, comme une grande partie de ses mines ou de ses terrains concessibles sont des propriétés domaniales, leur retour à l’État français ne présentera, dans la même hypothèse, aucune difficulté. Bornons-nous donc à examiner ces deux points de fait.

Le rattachement du bassin de la Sarre à la France remonte presque à la même époque que celui de l’Alsace. Dès le traité de Ryswick, en 1697, la partie méridionale du bassin nous était attribuée et, quand fut constitué le département de la Moselle, en 1790, les exploitations en activité dans la région de Sarrelouis y furent comprises. En 1793, on y ajouta toute la région située plus au Nord, sur laquelle les princes de Nassau-Sarrebruck avaient organisé des exploitations plus importantes, qui furent alors