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Cependant l’artillerie de la division procède à la préparation minutieuse de notre contre-attaque ; elle reçoit l’appui très efficace de plusieurs batteries de la division voisine.

Le bataillon désigné pour cet assaut nocturne fait procéder à toutes les reconnaissances nécessaires ; il reçoit un copieux approvisionnement en bombes et grenades. A la nuit tombante, les compagnies sont placées face à leurs objectifs.

A dix-huit heures cinquante, l’artillerie commence un bombardement très vif des positions ennemies, suivi à dix-neuf heures de tirs d’efficacité pour démolir les flanquemens.

À ce moment, éclate un violent orage accompagné d’une tempête de neige. Notre attaque n’en est pas moins lancée. Au coup de sifflet, nos soldats se lèvent d’un bond et se ruent à la baïonnette sur l’ennemi, malgré des feux violens, aux cris de : « Hourra ! — En avant ! »

Du premier élan, une compagnie réussit à pénétrer sur plusieurs points jusqu’à la deuxième ligne ; gagnant de proche en proche, elle s’étend peu à peu dans la tranchée en la déblayant à la baïonnette. Le combat se poursuit pendant plus de quatre heures dans la tranchée de première ligne et dans le boyau où se sont barricadés les ennemis ; il faut gagner du terrain pied à pied, démolissant les barrages élevés par l’ennemi, débarrasser la tranchée de nombreux cadavres qui l’encombrent et l’organiser au fur et à mesure de la progression.

Nous parvenons à reprendre presque la totalité de nos positions. Ce que conserve l’ennemi est tout à fait insignifiant. Nous trouvons, dans nos tranchées reconquises, un nombreux matériel allemand : outils, sacs à terre, boucliers que nous utilisons aussitôt, sans oublier quantité de fusils et de cartouches.

Nos troupes se sont admirablement comportées. Les jeunes soldats sont allés à l’assaut avec un héroïque courage. Le commandant du corps d’armée les en félicite dans un ordre général. La lutte a été acharnée. Il n’y a eu de part et d’autre presque aucun prisonnier. Nous en avons fait quatre en tout, deux grièvement blessés, deux autres légèrement. D’après ce qu’ils racontent, il n’y aurait eu que deux Français prisonniers, tous deux gravement blessés.

Les pertes des Allemands ont été certainement très fortes.