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entonnoirs en lançant des bombes ; il les occupe et cherche à gagner de proche en proche les tranchées attenantes.

Des deux compagnies qui se trouvent en première ligne, les quatre officiers et beaucoup de sous-officiers sont, dès le début, mis hors de combat.

Nos élémens de deuxième ligne, qui n’ont pas eu le temps de déboucher de leurs boyaux, ne peuvent qu’arrêter de leur feu les assaillans ; ceux-ci s’infiltrent de toutes parts, pendant qu’un combat corps à corps continue dans les portions de tranchées non bouleversées.

De nombreuses troupes de renfort arrivent derrière les Allemands ; mais découvertes, en partie, elles sont battues aussitôt par notre artillerie, nos mitrailleuses et arrêtées, à plusieurs reprises, dans leur progression.

Une partie du premier bataillon est submergée par la vague allemande.

L’ennemi, à peine a-t-il pris pied dans nos tranchées, qu’il les retourne aussitôt contre nous avec une rapidité surprenante, poussant derrière ses troupes d’attaque de nombreux travailleurs porteurs de sacs à terre, de rondins et de boucliers, dont ils revêtent la position conquise.

A force d’énergie, nous parvenons cependant à les arrêter. Notre compagnie de droite se maintient dans sa position, coûte que coûte.

Immédiatement lancé en contre-attaque, un de nos bataillons contient les Allemands, puis les refoule légèrement.

Un autre est à proximité, prêt à s’engager ; mais le terrain est violemment battu par les feux de l’ennemi, mitrailleuses, fusils, canons (77 et 105) venant de face et d’écharpe. Les communications, les travaux de défense sont presque impossibles.

Le général commandant la division renouvelle l’ordre du tenir les positions à tout prix. Il prescrit en même temps de préparer une nouvelle contre-attaque qui se fera au début de la nuit. Une compagnie du génie lui prêtera son concours.

Les Allemands, sur leur gauche, canonnés sans arrêt par notre artillerie, ne peuvent recevoir, de ce côté, aucun des renforts sur lesquels ils comptaient.

Mais, à leur droite, ils réussissent à en amener quelques-uns par le ravin de Fontaine-Madame, malgré le feu de nos mitrailleuses.