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LE MOIS HISTORIQUE DE L’ITALIE
MAI 1915

En arrivant à Rome au mois de juin de cette année, quelques jours après la déclaration de guerre de l’Italie à l’Autriche, le voyageur déjà familier avec la ville eût été tenté, au premier abord, de ne rien trouver de changé à la physionomie romaine. Dans les rues, sans doute, beaucoup plus de mouvement qu’il n’est accoutumé durant la saison chaude, beaucoup plus d’uniformes surtout, des uniformes regardés, salués avec une patriotique fierté par les passans : sous la tenue de campagne vert-olive, si sobre, si nette et d’une allure si militaire, on se désignait surtout les enfans des terre irredente, tel le fils du podestat de Fiume, accouru en Italie, avec tant d’autres de ses compatriotes, pour combattre l’Autriche et aider à la délivrance du sol natal… Et cette vie prolongée et animée de la Rome d’été, d’ordinaire plus nonchalante, n’était pas dans la rue seulement. Parmi les représentans de la société romaine, le voyageur rencontrait aussi plus de visages connus qu’il n’est de règle au temps des chaleurs. Les Romains, cette année, ont sacrifié leurs vacances, ou les ont fort abrégées. Ils ont voulu se sentir réunis près du devoir, près des nouvelles aussi. Ils ont voulu, autant que possible, vivre en commun ces mois de guerre, ces jours d’émotion. Je citerai ce grand ami de la France, résolu à rester voisin du Tibre « jusqu’à la victoire, » et qui, pour la première fois de sa vie, passera l’été dans son palais, admirable retraite d’ailleurs, où l’accueil est d’un