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été un encouragement de plus pour l’Allemagne à attaquer la Russie, et à soumettre l’Europe à un joug intolérable.

Dans son livre, publié en 1913, sous ce titre humoristique : Faites la paix, sinon faites un roi, M. Sembat raillait impitoyablement ces décrets de mobilisation des forces ouvrières votés par les congrès socialistes, alors qu’on n’indiquait ni ne possédait les moyens de les exécuter ; néanmoins le Congrès des unifiés, réuni à Paris du 14 au 18 juillet, discutait encore une Vaine formule de grève simultanée, non pour empêcher la mobilisation, mais afin d’obliger les gouvernemens à recourir à l’arbitrage. Cette motion devait être présentée au Congrès international de Vienne : la question de l’impérialisme figurait également au programme et allait recevoir en fait une solution diamétralement opposée à celle qu’en espéraient les crédules parmi les futurs congressistes.

Quatre jours après, le 22 juillet, l’Autriche adressait son ultimatum à la Serbie.


II

Les événemens se succédaient dès lors avec une telle rapidité que le Bureau socialiste international ne pouvait réunir, à Bruxelles, avant le 29 juillet, les délégués des sections nationales, après que celles-ci eurent commencé une agitation intense pour le maintien de la paix.

Dans le courant de juillet, le Vorwaerts, journal officiel des socialistes allemands, publiait de nombreux articles contre le militarisme. Il ne faisait que continuer la violente campagne de Karl Liebknecht et de Rosa Luxembourg dénonçant les scandales de Krupp, le trafic que faisaient de leur influence certains généraux, la cruauté de la discipline et les suicides dans l’armée. L’ultimatum austro-hongrois était condamné plus sévèrement par les socialistes allemands et autrichiens que par ceux des autres pays. Lo 23 juillet, avant que l’ultimatum ne fût connu, le Vorwaerts parlait de signes de danger de guerre. Le 24, il s’indignait contre l’Autriche. Le 25, le comité directeur de la Socialdémocratie, dans un manifeste, blâmait énergiquement l’attentat de Sarajevo, mais protestait avec non moins de force contre la provocation de l’Autriche-Hongrie à la Serbie. Le gouvernement allemand était rendu responsable non de