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Le gouvernement sera encouragé dans cette politique par une autre considération que les intéressans rapports du Comité économique développent avec insistance : tout l’avenir économique, financier et par conséquent moral du Soudan dépend du développement de son commerce extérieur. Jusqu’ici, la valeur des importations a toujours excédé de beaucoup, de 3 à 400 pour 100 au début, et, en 1911, de près de 50 pour 100[1], celle des exportations. Cet écart est normal, il s’explique par les subsides et les avances que le budget égyptien consentait, il y a un an encore, à celui du Soudan et qui, grossies dans une certaine mesure par les placemens réalisés de l’étranger dans ce pays, prennent nécessairement la forme d’importations de marchandises ou de numéraire. Les marchandises importées sont d’ailleurs loin d’être toutes productives, c’est-à-dire aptes à faciliter la création des richesses en fournissant à la production locale, soit les houilles, soit les machines, les bêtes de trait ou de labour, soit les matières premières : matériaux de constructions, fils à tisser, etc. Une forte proportion de ces articles consistent en denrées alimentaires qui pourraient très bien être fournies par le pays. Quant aux exportations, elles reposent au Soudan sur une base étroite et assez incertaine et consistent en une demi-douzaine d’articles, dont plusieurs sont sujets à de violentes fluctuations par l’effet d’accidens tels que la pluie ou l’état des crues, mais en revanche permettent d’espérer un accroissement indéfini : Comme, coton, doura (sorte de millet), bétail, plumes d’autruche, ivoire. Il est nécessaire que leur valeur augmente et, aussitôt la période des emprunts extérieurs écoulée, que cette valeur dépasse, dans une proportion considérable, celle des importations. Le gouvernement devra assumer cette tâche. Jusqu’ici il ne s’est intéressé à l’industrie indigène qu’en formant dans ses écoles professionnelles des charpentiers, des forgerons et des maçons ; il devra sans doute se résigner à la soutenir et à l’encourager, non sans doute en imitant l’œuvre éphémère de Méhémet Ali et en prétendant fabriquer sur place tout


  1. Exportations francs Importations francs
    1907 11 646 607 31 489 145
    1908 13 374 761 49 069 948
    1909 17 469 897 46 039 020
    1910 25 343 356 50 069 170
    1911 39 695 570 58 948 715