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l’on disposait des capitaux nécessaires, une période de dix à quinze ans suffirait à peine, en supposant les circonstances les plus favorables. »

Beaucoup plus modestes, les travaux qui ont commencé, en janvier 1914, comprendront un barrage jeté sur le Nil Bleu près de Sennar en vue de régler un canal long de 160 kilomètres qui sera creusé parallèlement à la rive gauche du fleuve et qui permettra d’irriguer 500 000 feddans (210 000 hectares) dans la plaine de Ghezireh, superficie qui sera doublée lorsqu’un réseau de canaux secondaires aura été achevé.

D’après l’estimation des techniciens du gouvernement, la valeur d’un feddan (4 200 mq.) qui est actuellement d’une vingtaine de piastres (5 fr. 20) dans la région qui va bénéficier de ce projet, s’élèvera vraisemblablement à 250 francs, peut-être même davantage, après l’exécution des travaux. Le produit des impôts supportés par ces terres devra naturellement s’accroître dans la même proportion.

Un troisième barrage dont le coût est évalué à une vingtaine ie millions serait jeté sur le Nil Blanc à quelque soixante-dix kilomètres au Sud de Khartoum. L’œuvre serait réalisée aux frais de l’Egypte, car elle ne profiterait au Soudan que très indirectement. Ge barrage protégerait l’Egypte contre le danger d’inondation « dans l’hypothèse d’une crue excessive, et il augmenterait la quantité de liquide dont dispose actuellement la vallée inférieure du Nil, ce qui compenserait et au-delà toute diminution susceptible de résulter, contrairement aux prévisions des experts, des travaux exécutés en amont de Khartoum,


VIII

Un bon système d’irrigation permettra de cultiver le cotonnier sur « une grande échelle, ce qui enrichira le Soudan en réalisant le vœu des fixateurs. La demande de cette matière première s’élève chaque année, et la production n’y répond qu’incomplètement. Le nombre des broches qui filent cette fibre dans le monde est passé de 96 000 000 en 1897 à plus de 140 000 000 en 1912, et la force productive de chaque broche n’a, pendant ce temps, cessé d’augmenter. Or la production mondiale moyenne qui était de 12 380 000 balles dans la période de 1904-1909 ne s’élève qu’à 13 320 000 balles dans la période suivante. En