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en fuite, se noyait, en essayant de traverser la rivière du Vaal. Peu après, le général de Wet était fait prisonnier. Seul, Maritz pouvait se réfugier en territoire allemand. Le 20 décembre, le général Botha annonçait que la rébellion était terrassée.

L’épisode eut son épilogue au Parlement, à la session de mars. Le premier ministre était absent : c’est du territoire ennemi, où les forces sud-africaines, gens de langue hollandaise et de langue anglaise côte à côte, combattaient pour l’Union et l’Empire, qu’il envoyait un message exprimant l’espoir que « de même que les deux races représentant tous les partis coopèrent harmonieusement au front pour la cause commune, le même esprit d’entente ne ferait pas défaut au Parlement. » Et il invoquait la clémence pour les rebelles vaincus : « Epargnons-nous mutuellement. N’oublions pas que nous aurons à vivre ensemble de longues années dans ce pays, après ces tristes événemens. » Dans la discussion au Parlement, les chefs de la rébellion armée passèrent au second plan : le général Hertzog devint l’accusé principal. Et, sans doute, il se défendait d’avoir jamais pensé à relever le Vierkleur : sa querelle n’était qu’avec le général Botha et son gouvernement. Mais comment effacer l’impression faite par les dires de Maritz et de Wet ? Maritz n’avait-il pas dit à ses hommes au moment de les entraîner à la révolte : « Beyers et Wet connaissaient tout, longtemps avant la guerre, parce que, lorsque je fus nommé au dépôt de Pretoria, je confiai mes plans à Hertzog qui les a pleinement approuvés ? » Et Wet, interrogé à la veille de la rébellion par un burgher, qui lui demandait si Hertzog ne viendrait pas leur adresser la parole, n’avait-il pas répondu : « Je vous ai déjà dit qu’Hertzog est un homme à qui vous pouvez vous fier sans hésitation. Il est à la place qu’il doit occuper. Il nous faut un homme qui combatte pour nous dans les milieux politiques, le général Hertzog est cet homme-là. » Peut-être Maritz mentait-il, peut-être Wet s’illusionnait-il sur le point de savoir jusqu’où Hertzog était prêt à aller. Mais Hertzog n’ignorait pas l’autorité dont il jouissait sur les backvelders, et il en était fier. Appelé par le général Botha à prononcer les paroles capables de dissiper l’orage, il s’était dérobé. Sa défense ne put être que celle d’un avocat retors ; il ergota et se réfugia dans les faux-fuyans. Il ne trouva rien à répondre lorsque M. Merriman, le Nestor du monde politique