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pour un peu plus du cinquième. Cette dernière, dont près de la moitié vit dans des agglomérations urbaines, se partage à peu près également entre individus de langue hollandaise et individus de langue anglaise. Les premiers sont restés agriculteurs et pasteurs : ils possèdent la plus grande partie du sol ; les seconds, pour la plupart citadins, sont commerçans ou employés aux mines. La population de couleur, évaluée à plus de 4 millions et demi d’individus, offre une grande complexité. Les indigènes, qui dépassent 4 millions, en forment la plus grande partie ; ils sont très inégalement répartis sur le territoire : le Transkei, le Zululand, avec le Basutoland, resté sous le protectorat de la couronne, bien que situé dans les frontières de l’Union, sont les réserves d’où proviennent les noirs qui fournissent aux mines leur main-d’œuvre. La population de couleur, proprement dite, ne se trouve que dans les provinces du Natal et du Cap : dans la première, les Indiens, importés pour la culture de la canne à sucre et du thé ; dans la seconde, les descendans des Malais et des esclaves noirs, importés au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, issus de croisemens variés[1].

L’espoir, un moment caressé, d’unir dans le premier gouvernement les chefs des populations de langue hollandaise et de langue anglaise n’ayant pu se réaliser, on appréhendait la division de partis fondée sur celle de races. Mais le chef de l’opposition, le docteur, maintenant sir Starr Jameson, sut lui imposer une politique de critique modérée. Le vrai devoir pour elle dépassait la politique de parti : elle devait aider le gouvernement dans son œuvre difficile d’organisation. Et il arriva que ce fut dans son propre parti que le général Botha rencontra bientôt les plus sérieuses difficultés.

La population de langue anglaise était allée au combat, aux élections de 1910, en un seul groupement : le parti unioniste. A la fin de 1911, seulement, les Hollandais fusionnèrent leurs trois organisations historiques : le « Bond, » de la colonie du Cap ; le « Het Volk, » du Transvaal, et l’ « Orange unie, » et fondèrent le « South African party » ou parti nationaliste. « Notre but principal, — disait le général Botha, en traçant le programme du nouveau parti, — est la coopération des deux races pour former une nation sud-africaine. » Ce but élevé

  1. Suivant le recensement de 1911 : 5 958 499 habitans, dont 1 278 025 blancs ; population de couleur : 4 680 474 individus.