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administrativement indépendantes les unes des autres. La convention douanière conclue en 1903 n’était qu’un compromis entre des politiques différentes : elle était subie par crainte du pire. Une entente au sujet des chemins de fer, exploités par les gouvernemens, était nécessaire, mais elle apparaissait irréalisable. La violente crise financière de 1907 vint brusquer la solution qui s’imposait. Elle fit passer à l’arrière-plan les rancœurs que laisse après elle une lutte de races et taire les appréhensions égoïstes opposées au projet d’union. Les nécessités économiques et financières se montrèrent si puissantes qu’elles amenèrent l’adoption du principe unitaire, de préférence au principe fédératif, le seul que les plus chauds partisans de l’Union croyaient possible, au début de la campagne, de faire triompher[1].

Le 4 novembre 1910, s’ouvrait la première session du Parlement de l’Union sud-africaine. Les élections avaient donné une forte majorité dans les deux Chambres au général Botha, à qui le gouverneur général avait confié la mission de former le premier ministère. La population de langue hollandaise allait donc présider aux destinées de l’Union à ses débuts et assumer la responsabilité de l’œuvre d’organisation. La tâche du gouvernement était considérable : il lui fallait assurer l’unification des services publics des quatre provinces, l’uniformisation des impôts généraux et des lois civiles et commerciales fondamentales. Les questions économiques appelaient aussi une action immédiate : unification de l’exploitation des chemins de fer, développement du réseau ferré, programme de travaux pour l’irrigation, de si grande importance dans un pays où l’insuffisance des pluies limite à l’industrie pastorale la plus grande partie du territoire, et, liée à ces questions, celle de l’immigration blanche, nécessaire pour hâter la mise en valeur du pays et pour contre-balancer l’accroissement rapide de la population indigène. Enfin, dominant le tout, la question noire, pour la solution de laquelle il fallait étudier et préparer une politique.

La population de l’Union, pour une superficie égale à deux fois et demie celle de la France est d’à peine 6 millions d’habitans, et, dans ce chiffre, la population blanche n’entre que

  1. .Voyez : « L’Union des colonies britanniques sud-africaines, » par Biard d’Aunet, Revue des Deux Mondes, 15 octobre 1909.