Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 28.djvu/775

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’ont donné la sanction de leurs préceptes. Ils disaient le Droit. Le préteur se chargeait de l’application. Les juges de paix de France s’attribuent volontiers, à ce qu’on assure, les prérogatives du préteur, devant l’insuffisance d’un texte. Le président de la grande république sera le préteur lui-même. Il trouvera pour le présent, et il fixera ainsi pour l’avenir les sanctions propres à assurer le respect du droit international, dont le nom traduit le vieux mot de jus gentium.

La guerre est la ressource suprême, devant laquelle doit hésiter la sagesse d’un chef d’Etat. Elle est aujourd’hui la tâche redoutable des puissances qui y ont été acculées. Sans oser préjuger des résolutions que dictera au président Wilson la haute conscience de ses devoirs envers son pays et envers le monde civilisé, il est permis de rechercher comment les congrès internationaux auraient pu parfaire leur œuvre et la pourront parfaire un jour.

L’engagement, tout en gardant la neutralité militaire, de rompre les relations commerciales avec tout belligérant coupable de fouler aux pieds les règles consacrées par un accord commun, est suffisant pour en assurer le respect.

A défaut d’effet préventif, une telle sanction débarrasserait actuellement la diplomatie du réseau de difficultés où elle s’agite.

Un moyen plus radical, mais terriblement proche de la guerre, serait l’expulsion hors des frontières de tout ressortissant de l’Etat violateur du droit, marchandises et citoyens.

De plus habiles peuvent trouver mieux. Les congrès futurs, éclairés par l’expérience de 1914-1915, décideront en dernier ressort.

Les accords les plus formels trouveront toujours leur meilleure garantie dans l’honneur des contractais


E. BERTIN.