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principe de relativité, aucune expérience optique ou électrique, faite à la surface de la terre, ne permet de mettre en évidence le mouvement de translation de celle-ci. On généralise ainsi les résultats de trois expériences négatives faites en Amérique et en Angleterre. Si on se reporte alors aux équations générales de l’électro-dynamique actuellement admises, on est conduit à d’étranges conséquences pour pouvoir expliquer le principe de relativité. Qu’un système soit en repos ou en mouvement, ces équations doivent conserver la même forme ; on en conclut qu’elles restent invariables quand on effectue sur les coordonnées d’un point de l’espace et le temps un certain groupe de transformations. En langage ordinaire, ceci veut dire que dimensions et temps changent avec le mouvement du système. Un même objet mesuré par deux observateurs qui se meuvent uniformément l’un par rapport à l’autre n’a pas la même longueur. Des conséquences analogues existent pour l’intervalle de temps entre deux événemens : simultanés par exemple pour certains observateurs, les mêmes événemens cessent de l’être pour d’autres observateurs en mouvement par rapport aux premiers. La simultanéité a un caractère relatif comme les valeurs des longueurs et des temps. Ainsi nos vieilles notions de sens commun seraient à réviser. Mais certains savans allemands déroulent avec satisfaction les conséquences du principe posé. D’autres, avant de rejeter les idées traditionnelles de l’humanité sur l’espace et le temps, auraient passé au crible d’une critique extrêmement sévère nos conceptions sur l’éther et les équations concernant l’électro-magnétisme et le mouvement des électrons, obtenues grâce à des hypothèses assez contestables. Au lieu de continuer à faire des exercices de mathématiques et de développer des considérations d’ordre métaphysique, il vaudrait mieux tenter des expériences nouvelles d’un autre type que celles pour lesquelles la théorie a été construite.

On pourrait citer, dans certaines parties de la chimie, des cas analogues, où des théories sont développées sans qu’il soit possible d’établir aucune confrontation précise avec la réalité. L’Allemagne n’a pas cessé, depuis Schelling, d’aimer les vagues spéculations sur la philosophie de la nature et les schématismes vides de sens.

C’est surtout en biologie que la tentation est forte de partir