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certitude de vaincre. Nous avons confiance en notre force et en celle de nos Alliés, comme nous avons confiance en notre droit. » Mais, après avoir proclamé la certitude de la victoire, M. le Président de la République en a rappelé les conditions : « Ne nous lassons pas de le répéter, a-t-il dit, la victoire finale sera le prix de la force morale et de la persévérance. Employons tout ce que nous pouvons avoir de calme, de vigueur et de fermeté à maintenir étroitement dans ce pays l’union de toutes les provinces, de toutes les classes et de tous les partis, à protéger attentivement l’opinion contre l’invasion sournoise de nouvelles perfides, à fortifier sans cesse l’action gouvernementale et l’harmonie nécessaire des pouvoirs publics, à consacrer sur un seul objet toutes les ressources de l’État et toutes les bonnes volontés privées, à développer sans relâche notre matériel de guerre et nos moyens de résistance, à ramasser en un mot la totalité des énergies nationales dans une seule pensée et dans une même résolution : la guerre poussée, si longue puisse-t-elle être, jusque la défaite définitive de l’ennemi et jusqu’à l’évanouissement du cauchemar que la mégalomanie allemande a fait peser sur l’Europe. »

Un pareil discours est à la fois un serment et un acte ; il montre la voie à suivre et le but à atteindre ; il entretient les courages et les augmente encore ; il est surtout une réponse à ceux qui, au dehors, pourraient croire que notre énergie touche à son terme et que nous nous contenterions de ce qu’on appelle en Allemagne « une paix honorable, » c’est-à-dire d’une paix sans sécurité et sans durée. Une fois de plus, Rouget de l’Isle a servi à manifester les inépuisables ressources de l’âme française et c’est un nouvel honneur qui vient le chercher jusque dans sa tombe. Il faut croire qu’il y avait en lui, à son insu, un excitant tout-puissant. Mais c’est du côté de l’Allemagne qu’il est intéressant de regarder. Sait-on l’effet qu’a produit le discours de M. Poincaré ? Des deux parties qui le composent, les responsabilités de la guerre et la nécessité de la pousser jusqu’au bout pour qu’elle produise ses conséquences nécessaires, de ces deux parties, la presse allemande n’a parlé que de la première, elle n’a pas dit un mot de la seconde. C’est à la Gazette de Cologne que nous emprunterons, pour l’édification de nos lecteurs, le jugement de la presse allemande sur les origines de la guerre. « Les affirmations de M. Poincaré, y lisons-nous, sont bien osées. N’est-ce pas la France qui, depuis quarante ans, n’a pas cessé de provoquer l’Allemagne. La vérité historique est juste le contraire de ce qu’a dit M. Poincaré. Depuis le jour où le Lorrain Poincaré a été à la tête de la République