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chambre, à midi. Il venait, disait-il, sachant que j’étais malade et pour me faire partir pour Arenenberg, d’après l’avis de M. Gérard, qui lui avait dit que, si je venais à Strasbourg, on m’arrêterait. Ce bon père m’apportait un mot de Mme Salvage, de Saint-Dié, le 2, m’apprenant qu’elle était en route pour Paris avec la Reine… Dès lors, je me décidai à retourner à Arenenberg ; je n’avais plus rien à faire ici, puisque je n’y restais que pour donner à la Reine des nouvelles que je pouvais avoir de son fils.

… Je me désolais que la Reine eût été à Paris, n’en voyant plus la nécessité absolue : puisque, le Roi se réservant le sort de son fils, ce ne pouvait être que pour le soustraire à la mort. Je craignais que, la tenant là, on ne lui fit de plus dures conditions et, enfin, je ne comprenais pas pourquoi, voulant aller à Paris, elle m’avait fait faire un voyage désagréable qui devenait inutile. J’écrivis sur le billet même de Mme Salvage un mot au Prince, pour qu’il sût le voyage de sa mère et lui apprendre mon départ, priant papa de lui faire tenir cela par le général.

A deux heures, je montai en voiture avec papa pour me rendre avec lui à Offenbourg… De là, il partit pour Strasbourg en même temps que je partais pour Haslach. J’assurai ma voiture pour aller le lendemain à Donaueschingen ; j’écrivis à Mme Salvage, pour offrir d’aller chercher la Reine à Paris… Le lundi 7, malgré la neige et le mauvais temps, mon voyage se passa assez bien jusqu’à Donaueschingen, ainsi que le mardi 8, jusqu’à Constance. Le cocher qui me ramenait devant là changer de chevaux, je fus l’attendre chez les Macaire… Mme Macaire avait reçu une lettre de M. Parquin, qui priait M. Macaire d’être le tuteur de sa fille, à laquelle il écrivait en même temps. Elle était allée dans la journée à Arenenberg, et c’était elle qui avait appris à la petite l’emprisonnement de son père… Je mis deux heures, j’en suis sûre, pour me rendre à Arenenberg. On ne m’attendait pas, le billet que j’avais écrit à M. Rahn pour annoncer mon retour n’était pas parvenu, ce qui prouve qu’on ouvrait les lettres et qu’on n’envoyait pas celles qui étaient relatives à nous. Mon paquet n’était pas arrivé ; je le voyais saisi par la police, Virginie compromise et peut-être en prison, le portefeuille du Prince saisi, tous ses amis compromis et l’affaire mille fois plus grave pour tous les impliqués. J’apprenais