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opérations dans l’Adriatique, si celles-ci, comme il le semble, prennent un caractère nettement offensif. Pas plus que les Anglais et que nous, les Italiens n’ont de flotte de siège et pas plus que leurs alliés ils ne consentiront à présenter devant des forts bétonnés et des coupoles de fonte dure leurs quatre ou cinq « dreadnoughts » tout neufs (vante-Alighicri, Giulio-Cesare, Conte di Cavour, Leonardo da Vinci, et peut-être l’Andrea-Doria ou le Duilio, lancés en 1913). Ils hésiteront même à mettre en ligne leurs « pré-dreadnoughts », les quatre Vittorio-Emanuele et les deux Benedetto-Brin. Restent à la vérité les deux cuirassés d’escadre de 1897, Ammiraglio Saint-Bon et Emanaele-Filiberto, ainsi que la Sardegna et la Sicilia, de 1890-91, dont le nom figure encore sur les listes officielles des bâtimens de premier rang de la « flotte d’opérations. » Mais ces deux dernières unités, remarquables précurseurs des actuels « croiseurs de combat dreadnoughts, » ont une bien faible cuirasse de flottaison à opposer aux gros projectiles autrichiens. En revanche, leurs quatre canons de 343 millimètres, leurs huit canons de 152 et leurs seize pièces de 120 en font d’excellens élémens pour le parc de siège flottant et très mobile que l’on prétend constituer.

Ce parc de siège, à défaut de cuirassés français anciens, tous employés ailleurs, ne pourrait-il s’augmenter des unités de combat anglaises de la classe du Duncan, par exemple, qui restent encore disponibles, si l’on admet qu’il n’est pas désirable d’utiliser ces bâtimens dans le combat d’escadre qui s’engagera, un jour ou l’autre, prochainement peut-être, entre les « home fleets » et la « flotte de haute mer » allemande ?

Je pose la question sans avoir la prétention de la résoudre, et j’ajoute, avec les mêmes réserves, que si l’Italie, qui a beaucoup moins de sous-marins que nous, — et les siens sont moins puissans, — nous demandait quelques-unes de nos unités de cette catégorie, avec des bâtimens légers, « destroyers » et torpilleurs, et des navires réapprovisionneurs de flottilles, nous serions certainement heureux de lui donner satisfaction.


Mais, si l’on en croit certaines informations parues, il y a quelques jours, dans la presse quotidienne, l’Amirauté anglaise eût été désireuse, elle aussi, de remanier la force navale très