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dangers. Disons-le cependant très loyalement, l’abondance de notre production et les progrès rapides, — presque inespérés, — de notre élevage rendaient moins utile qu’en Angleterre l’organisation des achats de viandes étrangères. Nos voisins sont incapables d’élever assez de bétail pour assurer l’alimentation d’une population qui est devenue trop nombreuse par rapport à la superficie du territoire cultivé et cultivable. Chez nous au contraire, les ressources fourragères ont pu devenir si considérables que l’accroissement de notre cheptel, en nombre et surtout en poids, a dépassé les prévisions les plus optimistes. Au même moment, comme on le sait, le prix du bétail et de la viande diminuait au lieu de s’élever. La crise agricole produite par la baisse générale des produits ruraux provoquait les plaintes des producteurs en assurant aux consommateurs les avantages d’une réduction de leurs prix d’achat. Tout a conspiré ainsi pour amener un retard dans l’organisation industrielle et commerciale des importations de viandes étrangères.

Rien n’est fait aujourd’hui, nous ne sommes pas prêts, en dépit des efforts depuis longtemps déployés pour multiplier les applications du froid industriel.

Nous allons voir ce que le gouvernement propose au Parlement et quels sont les traits caractéristiques de ce projet. En attendant, il faut agir d’une autre manière et se procurer de la viande. A l’Académie nationale d’Agriculture, M. Moussu vient de faire une proposition intéressante après avoir exposé la situation :

« Nous avons, dit-il, des besoins immédiats très grands et l’on fait des promesses pour l’avenir !

« S’il y avait eu une direction méthodique, sage et prévoyante, à la tête des services du ravitaillement, si nous avions eu des approvisionnemens en quantité suffisante là où l’on pouvait les accumuler sans danger, il eût été possible d’éviter la crise actuelle…

« Nous n’avons pas de viandes en quantités suffisantes et de longtemps encore nous n’en aurons que trop peu sous forme de bétail étranger ou de viande congelée. Puisque nous avons des ressources à Madagascar et dans l’Ouest africain, pourquoi ne pas importer de là, tout de suite, des viandes salées qui ne demandent, elles, pour leur préparation et leur transport, ni installations industrielles importantes au point de départ