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s’y rapportent montrent clairement que notre production a été très sensiblement égale à celle des années précédentes. Il en a été de même pour le seigle, autre céréale alimentaire que l’on utilisait encore dans nos, campagnes, il y a moins de cinquante ans, soit pour économiser le froment, soit pour opérer des mélanges qui assurent plus aisément la conservation du pain a l’état frais.

Voici d’ailleurs les quantités relevées dans les documens que publie le ministère de l’Agriculture :


Récoltes en millions de quintaux « « «
1914 1913 1912 1911
Froment 87 86 90 87
Seigle 12 12 12 11

Ainsi, rien, dans ce tableau, ne saurait légitimer des craintes, ou justifier une hausse.

La moisson de 1914 a été normale et moyenne. Il convenait cependant de prévoir des importations rendues nécessaires, — comme de coutume, — par les exigences de la consommation qui dépasse quelque peu la production. Il fallait également tenir compte des pertes éprouvées dans les régions envahies momentanément, et des disponibilités réclamées par le service de l’intendance. Des achats faits à l’étranger étaient non seulement probables mais certains. Par suite, les cours du blé en France devaient être tôt ou tard influencés par la cote des marchés dans les pays capables de nous fournir l’appoint nécessaire à notre consommation. C’est cela qu’on pouvait raisonnablement prévoir et annoncer, il y a six mois, et c’est précisément ce que nous avons dit, ici même, au mois d’octobre dernier.

Les événemens ont justifié nos prévisions. Dès le mois de septembre 1914, le prix du blé avait augmenté de 5 à 6 francs par quintal sur les marchés de New-York et de Buenos-Ayres, par rapport aux cours de juillet. Il en fut de même à Londres ou à Liverpool, et pareille hausse s’est produite réellement en France bien qu’en apparence notre cote n’eût pas subi de changement. La suppression du droit de douane de 7 francs par 100 kilogrammes a simplement compensé l’élévation brusque des cours et le consommateur français a payé son blé ou son