Saint-Denis, le maréchal de Vielleville dit à Charles IX : « Votre Majesté n’a point gagné la bataille, encore moins le prince de Condé, mais le roi d’Espagne, car il est mort, de part et d’autre, assez de braves Français pour conquester la Flandre et tous les Pays-Bas. »
Voici le chancelier Michel de l’Hospital qui supplie ses compatriotes « de ne changer le nom de chrétiens pour ces noms diaboliques de huguenots, papistes, noms de partis et de séditions ; » Agrippa d’Aubigné qui proclame en beaux vers les devoirs du patriotisme :
La loi, le sang, Nature, à l’homme font sentir
Qu’il naît, vit, croit, et doit ses ans, son bien, sa vie
Aux amis, aux parens, à sa chère patrie,
Et qu’il faut pour les trois naître, vivre et mourir.
Ronsard, dans son Discours sur les Misères de ce temps, peint avec force les ruines accumulées par les guerres de religion, l’éclipse partielle du patriotisme dans la seconde partie du XVIe siècle :
Ce monstre arme le fils contre son propre père.
Et le frère (ô mal-heur ! ) arme contre son frère,
La sœur contre la sœur, et les cousins germains
Au sang de leurs cousins veulent tremper leurs mains ;
L’oncle hait son neveu, le serviteur son maître ;
La femme ne veut plus son mary reconnaître ;
Les enfans sans raison disputent de la foy,
Et tout à l’abandon va sans ordre et sans loy.
L’artisan, par ce monstre, a laissé sa boutique,
Sa nef le marinier, son trafic le marchand,
Et par lui le prud’homme est devenu méchant,
L’écolier se débauche, et de sa faux tortue (tordue)
Le laboureur façonne une dague pointue,
Une pique guerrière il fait de son râteau,
Et l’acier de son coutre il change en un couteau.
Dans le même morceau, Ronsard apostrophe ainsi Théodore de Bèze :
Vous avez fait mourir
La France, votre mère, au lieu de la nourrir.
Dans les Remontrances au peuple françois, il adjure les gens de guerre :
Combattez pour la France et pour la liberté…
Car l’amour du pays me fait parler ainsi.