Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 28.djvu/332

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

territoires qui lui reviennent légitimement, parce qu’ils sont peuplés d’Italiens, pourra considérer qu’elle a terminé l’évolution grandiose qui, en un demi-siècle, aura fait d’elle un des principaux États de l’Europe. Définitivement assise sur les deux rives de la Méditerranée et de l’Adriatique, étendant son action jusqu’à la Mer-Rouge, elle pourra reprendre ses travaux pacifiques et leur consacrer le meilleur de ses forces. Déjà, le 8 décembre 1914, le ministre du Trésor, M. Carcano, indiquait éloquemment à son pays la Tâche de demain. « Aussi longtemps que dure la tempête, disait-il aux députés de Monte-Citorio, il convient de recourir aux expédions. Dès que le calme sera rétabli, nous reviendrons aux bonnes habitudes de jadis ; nous travaillerons tous, avec une ténacité de montagnards, à assainir nos finances et notre budget. Il conviendra alors de réaliser des économies, de simplifier les services publics et l’organisation administrative. » Il nous plaît d’entendre, dans la bouche d’un ministre, ce mot « économies, » qui n’a guère été de mode dans les Parlemens au XXe siècle et qui semble évoquer aujourd’hui quelque chose d’impossible à réaliser. Il faudra pourtant, au lendemain de la paix, l’inscrire sur le programme des budgets européens, si l’on ne veut pas que les contribuables succombent sous le poids de charges excessives.


RAPHAEL-GEORGES LEVY.