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de Naples et de Sicile. Il autorisa l’émission, de 175 millions de-billets d’Etat, ce qui porta le total de cette circulation à 700 millions. Il fut en même temps décidé que l’émission des 250 millions, autorisée le 18 août, se ferait exclusivement en Bons de caisse garantis par des monnaies divisionnaires d’argent.

Des décrets du 30 août suspendirent l’interdiction du travail nocturne des femmes et des enfans ; prescrivirent la façon dont seraient cotés les changes en l’absence des bourses officielles, fermées depuis le 1er août : la fixation de ce cours est particulièrement nécessaire pour déterminer le montant des traites tirées en monnaies étrangères et payables en Italie.

Le décret du 18 octobre 1914 a réduit de 60 pour 100 les droits d’entrée sur les céréales.

Un décret du 20 décembre 1914 a autorisé la formation d’un Consortium, au capital de 25 millions, entre les trois instituts d’émission, la Caisse d’épargne des provinces lombardes, l’institut des œuvres pies de Saint-Paul, à Turin, le Monte dei Paschi de Sienne et les autres Caisses d’épargne, disposant, tant du chef de leur patrimoine que de leurs dépôts, d’au moins 20 millions. Ce consortium fera des avances sur lettres de change (cambiali) à une signature, garanties par des actions ou obligations industrielles cotées, jusqu’à concurrence de 250 millions. Les traites, à quatre mois d’échéance maximum, seront réescomptées dans les proportions suivantes : 75 pour 100 par la Banque d’Italie, 20 pour 100 par la Banque de Naples, 5 pour 100 par la Banque de Sicile, à un taux inférieur de 1 1/2 pour 100 au taux d’escompte en vigueur.

La plupart de ces mesures ressemblent à celles qui ont été prises par les belligérans. On trouve le même souci de retarder les échéances des obligations commerciales, de fournir au Trésor des ressources par l’augmentation de la circulation fiduciaire, d’interdire l’exportation des matières et des produits nécessaires à la défense nationale, de favoriser l’arrivée des approvisionnemens en abaissant les barrières douanières. Grâce à cette prévoyance, l’Italie s’est trouvée, au jour où elle est entrée en campagne, mieux préparée que ne l’avaient été plusieurs des nations entraînées dans la lutte dès les premiers jours. La loi du 22 mai 1915 a donné au Gouvernement le droit de prendre, au cours de la guerre, toutes mesures qu’il jugera utiles à la défense nationale et à la satisfaction des besoins économiques.