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La très grande masse de ces capitaux est constituée par l’épargne populaire, puisque, sur 7 milliards et demi, les dépôts de banque ne représentent qu’un milliard, et encore faut-il observer que les banques ouvrent des comptes d’épargne à la clientèle ouvrière, qui possède ainsi une partie du milliard qui figure au bilan des établissemens de crédit.


II. — LES BANQUES, LA MONNAIE, LES ASSURANCES

Après avoir constaté la rapidité des progrès économiques accomplis par l’Italie depuis la fondation du royaume, nous passerons en revue les élémens de sa puissance actuelle. Nous commencerons par les établissemens de crédit.

L’Italie est la patrie des banques. Au Moyen Age, alors qu’il n’existait qu’un petit nombre de ces organisations dans le reste de l’Europe, la plupart des grandes villes de la péninsule avaient des banques dont l’action s’étendait au loin. Celles de Venise, de Gênes, de Naples jouaient un rôle considérable. Les campsores de Venise sont déjà mentionnés au XIIIe siècle : ils étaient appelés à fournir caution au gouvernement pour l’exercice correct de leur métier de changeur. Au XVIe siècle, Contarini, dans un discours prononcé au Sénat en 1584, parlait de l’importance des banques vénitiennes, mais il considérait comme un abus le fait d’ouvrir des crédits à des cliens au-delà du montant de leur dépôt. Ce mode d’opérer se généralisa néanmoins. La Banque de Saint-Georges à Gênes avait surtout pour objet d’affermer les impôts et d’en avancer le montant au gouvernement de la République.

Au XIXe siècle, une nouvelle Banque de Gênes, créée en 1844, reçut une subvention du Trésor piémontais. En 1849 fut fondée la Banque nationale de Sardaigne : son capital originaire de 8 millions de lire fut bientôt porté à 32 millions. En 1859, elle devint Banque Nationale du royaume, au capital de 40 millions, avec 3 sièges à Milan, Gênes, Turin. Elle absorba les banques de Bologne et de Parme et établit de nombreuses succursales. En 1865, son capital était de 100 millions. Ce fut l’époque où l’Italie entra dans l’Union latine, c’est-à-dire l’accord monétaire conclu entre elle et la France, la Belgique, la Suisse, la Grèce. En vertu de cette convention, les monnaies d’or et d’argent des cinq Puissances contractantes sont frappées au même titre