Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 28.djvu/303

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

65 françaises pour 100 millions, 22 allemandes pour 27 millions, 61 anglaises pour 105 millions, 29 suisses pour 44 millions, quelques hollandaises, américaines, russes et espagnoles pour des sommes insignifiantes.

La politique commerciale italienne a traversé trois phases. De 1860 à 1878, elle peut être considérée comme ayant été celle du libre-échange. Le traité de 1863, conclu avec la France, abaissait en particulier les droits sur les articles de laine et de soie ; d’une façon générale, les droits d’entrée sur les objets fabriqués et demi-fabriques ne dépassaient pas 6 pour 100. A partir de 1878, ils furent élevés à 9 1/2 pour 100. En 1887, ils atteignirent 16 1/2 pour 100. L’effet de cette évolution protectionniste fut de ralentir le mouvement du commerce extérieur, notamment celui des importations, comme l’indique le tableau ci-après, où se constate un fléchissement sensible de 1895 par rapport à 1885.


Commerce extérieur de l’Italie (en millions de lire).


Années 1875 1885 1895 1905 1910 1912 1913 1914
Importations, 1 215 1 575 1 195 2 185 3 277 3 728 3 445 2 882
Exportations 1 684 1 134 1 059 1 713 2 128 2 348 2 511 2 218

La dépression ne fut pas de longue durée. Sous l’influence de divers facteurs favorables, le mouvement ascensionnel reprit son cours. Le progrès a été continu depuis le début du XXe siècle jusqu’en 1912, année qui marque le sommet de la courbe, et pour laquelle le chiffre de 6 milliards a été dépassé. La différence entre la valeur des exportations et celle des importations a été depuis longtemps couverte par les remises des travailleurs italiens, occupés au dehors, et les dépenses faites par les voyageurs étrangers à l’intérieur du royaume. La situation était donc bonne, comme l’attestait le cours du change. Le commerce extérieur de l’Italie s’est développé plus rapidement que celui d’aucun autre pays moderne. Les exportations avaient une tendance à croître plus vite que les importations. En 1913, dernière année normale, la différence de 1 134 millions au profit de ces dernières était plus faible qu’en 1912, les exportations ayant augmenté et les importations baissé par rapport à l’année précédente. En 1914, il s’est naturellement produit, dans l’ensemble des transactions, un recul notable, dû à l’état de guerre qui a régné en Europe depuis le 1er août. Toutefois l’écart entre les exportations et les importations s’est réduit : il n’a plus été