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L’ITALIE ÉCONOMIQUE

Nous avons admiré la préparation diplomatique et militaire de l’Italie qui, dès le mois de juillet 1914, donnait à entendre à ses alliées de la veille qu’elle ne pouvait les suivre sur le terrain où elles prétendaient l’entraîner. Elle n’a cessé, depuis lors, de leur démontrer qu’elles avaient agi dans un esprit diamétralement opposé à celui de la Triple-Alliance. C’était la paix que les hommes d’Etat austro-allemands déclaraient vouloir assurer, c’est en présentant leurs accords comme exclusivement défensifs qu’ils avaient réussi à maintenir l’Italie à leurs côtés. Le jour où ils ont jeté le masque, Rome s’est ressaisie. En neuf mois, elle a mis son armée et sa flotte en état de lutter ; elle a en même temps pris les mesures financières destinées à lui assurer les ressources nécessaires à sa mobilisation. Les dix premières années du XXe siècle avaient été une période de prospérité pour les finances de la péninsule. Tous ses budgets s’étaient alors soldés par des excédens. La guerre de Libye les absorba. Il y avait donc lieu de reconstituer des réserves en vue des événemens que le ministère Salandra-Sonnino pressentait, que le poète d’Annunzio annonçait, que le roi Victor-Emmanuel III, conscient de ses devoirs et des destinées de son royaume, dirigea avec tant de clairvoyance et de fermeté. Avant de montrer ce qui a été fait à cet égard depuis le mois d’août 1914 jusqu’en juin 1915, nous rappellerons quels avaient été les progrès économiques de l’Italie au cours du demi-siècle qui s’étend depuis la fondation du royaume, au lendemain de la guerre libératrice de 1859, jusqu’à la guerre contre la Turquie, terminée en octobre 1912 par le traité de Berlin. Ce fut l’heure grave de