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L’opération n’est toutefois pas terminée quand on a garni la chambre aux explosifs, mis en place les détonateurs, relié ceux-ci au fil électrique qui servira à faire partir le fourneau, une fois tout le personnel ramené en arrière, à distance prudente. On ferait passer le courant, à ce moment, que le fourneau ne donnerait à peu près rien des résultats attendus. Il « soufflerait » dans la galerie en l’empoisonnant, et donnerait peut-être un petit camouflet local et restreint. Ce n’est pas ce qu’on cherche : on veut l’effet maximum compatible avec la charge, et pour l’obtenir, il faut bourrer. Faire exploser une charge d’explosifs dans une chambre en communication avec l’extérieur, c’est presque comme si on la faisait exploser à l’air libre. Et on sait que, dans ces conditions, l’effet produit est peu de chose, comparé à ce qu’il est quand la charge est enfermée. Bourrer, c’est boucher la galerie, au voisinage de la chambre, de façon à clore celle-ci hermétiquement : c’est fermer la chambre, pour obtenir le maximum d’effet explosif.

Par conséquent, une fois le fourneau en place et le fil posé, on s’occupe à bourrer, à remplir la galerie, au moins sur une certaine longueur. Ici encore, il y a la manière, et toute une technique. Une formule indique quelle doit être la longueur du bourrage, d’après la charge du fourneau. Et ce bourrage se fait avec les matériaux disponibles, de préférence ceux dont le transport et le maniement sont faciles : sacs de terre ou de sable, briques, mottes de terre gazonnée. Il ne sert pas seulement à assurer le maximum d’effet explosif autour du fourneau même : il empêche la galerie d’être envahie par les gaz asphyxians qui résultent de l’explosion.

Une fois qu’il est terminé, tout est prêt : et on fait jouer le fourneau, au moment voulu. Les galeries souterraines ne possédant qu’une ventilation naturelle très insuffisante, on fait emploi maintenant, dans la guerre de mines, de ventilateurs pour injecter de l’air pur du dehors au fond des galeries, et on dispose d’appareils de sauvetage et de médicamens pour ranimer les asphyxiés. Car les accidens sont fréquens.

Il y a des cas encore, où, à cause du temps et du travail nécessaires au creusement des galeries, on se dispense d’en faire. Ou plutôt, à partir d’une d’elles on pratique une mine forée. On a des trépans, des tarières, du genre de ceux qui servent à