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VII. — EMPRUNTS CHEZ LES ALLIÉS OU CHEZ LES NEUTRES

Parmi les ressources des belligérans, il faut compter celles qu’ils se sont procurées à l’étranger. Elles ont été de deux ordres différens : prêts entre alliés, emprunts chez les neutres.

L’Angleterre et la France ont accordé des crédits à la Russie. Celle-ci, à deux reprises différentes, a émis des Bons du Trésor à Londres, une première fois pour 12 millions, une seconde fois pour 10 millions de livres sterling. A Paris, la Banque de France a ouvert à la Banque de Russie un crédit d’un demi-milliard de francs, dont la contre-valeur a été portée en roubles à son compte à Pétrograd. Le but de cette opération a été de permettre à la Banque de Russie de fournir, à un certain nombre de banques privées russes, qui s’étaient fait ouvrir des crédits en France, où le loyer de l’argent était modique, les sommes dont elles avaient besoin pour rembourser leurs acceptations à leurs correspondans parisiens. D’autre part, la France a émis à Londres des Bons du Trésor stipulés en monnaie anglaise, c’est-à-dire en livres sterling, a raison de 12 millions en automne 1914 et de 42 millions en mai 1915. Ces derniers, remboursables au plus tard un an après la conclusion de la paix, ont été créés par la loi du 9 mai 1915. Létaux en sera le même que celui auquel le gouvernement britannique se sera procuré des fonds pendant la même période. La France et l’Angleterre ont fait des avances à la Belgique et à la Serbie. L’Angleterre en a fait à un certain nombre de ses colonies et à la Roumanie.


Dès l’automne 1914, nous avions, pour notre part, avancé 250 millions de francs à la Belgique, 90 à la Serbie, 20 à la Grèce, un demi-million à la Banque du Monténégro. Ultérieurement, le total des crédits ouverts aux alliés a été porté à 1 250 millions. La Grande-Bretagne a demandé à plusieurs de ses colonies ou dominions qui avaient besoin de fonds, d’éviter les émissions d’emprunts. L’Echiquier leur a fourni des montans qui se sont élevés à plus de 1 700 millions de francs.

Du côté de nos ennemis, l’Allemagne seule a pu fournir quelques subsides à ses alliés. A plusieurs reprises, des envois d’or ont été signalés, de Berlin à Constantinople, ainsi que des