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clémence impériale, vous êtes prié de communiquer avec nous à ce sujet. »

A la suite de ce message et d’une entrevue de parlementaires des deux parties, le consul des États-Unis et sa suite chinoise, les dames, les femmes et les enfans allemands, furent remis aux autorités japonaises qui les envoyèrent, en sûreté, a Tsinanfou, la capitale provinciale du Chantong.

Le combat reprit avec une nouvelle force ; déjà des poursuites aériennes avaient eu lieu de la part des aviateurs japonais, car, là comme ailleurs, les aviateurs allemands évitaient le combat ; le 13 octobre, l’un d’eux ne put échapper à trois aéroplanes japonais qu’en s’élevant dans les nuages à plus de trois mille mètres. C’est le 14 octobre seulement que la deuxième flotte japonaise et le puissant cuirassé anglais Triumph bombardèrent le fort Haicheucheu et le détruisirent. Le 17, à minuit, le croiseur Takachio fut torpillé et coula avec tout son équipage. Un torpilleur allemand avait réussi à s’en approcher à la faveur de la nuit et à le frapper juste près de la soute aux poudres. A partir du 25, le bombardement des divers forts devint plus intense. Pendant ce temps-là, l’infanterie resserrait son cercle d’investissement, repoussant devant elle les postes avancés. Le ravinement profond des chemins, non entretenus depuis des siècles, et que l’on trouve par toute la campagne chinoise, facilitait le cheminement. Le travail de la pioche, de la sape et la mine tenaient la grande place nécessitée par l’armement moderne, travail particulièrement pénible dans un sol sablonneux qui nécessitait l’emploi d’un nombre considérable de sacs de terre.

Les forts furent détruits les uns après les autres ; mais les Allemands avaient construit six redoutes invisibles, casematées, bétonnées, devant lesquelles se trouvaient des glacis de plus de deux cents mètres ; ces glacis eux-mêmes étaient pourvus de deux murs étages de deux et quatre mètres de haut, peints en blanc du côté des redoutes, afin que les assaillans qui les franchissaient pussent se détacher visiblement sur leur fond éclatant. Le terrain d’attaque, de près de trois kilomètres de large, était garni de fils de fer barbelés munis d’ampoules électriques pour l’éclairage nocturne ; la nuit, les hommes des sections japonaises des « brave la mort, » chaussés de sandales de paille, gantés de caoutchouc, coupaient les fils