Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 26.djvu/954

Cette page a été validée par deux contributeurs.

docteur Poodt, déclare sous serment, à propos de ce récit de M. Nothomb ; « Il n’y a pas un mot de vrai dans cette histoire. Depuis le début de la guerre, je suis resté constamment à Ternath, il est impossible qu’un pareil fait se soit produit sans que j’en aie eu connaissance, c’est là une pure invention ! » Il a ajouté qu’il tombait des nues en présence d’une telle puissance d’imagination de M. Nothomb. On ne peut décrire mieux, en effet, le sentiment du lecteur lorsqu’il constate quelles atrocités on prétend s’être passées dans la localité qu’il habite. Seulement, il est dommage que chacun des lecteurs de la Revue des Deux Mondes ne connaisse pas la vie qui règne dans les localités paisibles où les collaborateurs de cette Revue situent leurs histoires inventées et empoisonnées.

Encore un exemple de l’imagination fertile de M. Nothomb : Le « Duc de Gronau, » écrit-il, « a pillé le château de Villers-Notre-Dame. » « L’argenterie a disparu. » Et que déclare le curé O. S. Mazy de Villers-Saint-Amand à l’autorité allemande ? « Que l’argenterie était cachée dans la cave du château sous un tas de sable et lui a été remise en bonne garde par les Allemands. » Il semble bien que M. Nothomb ne peut plus prétendre être pris au sérieux.

Le Gouvernement de Berlin a mis deux mois et demi à contrôler les sources de mon récit. Parmi les centaines de faits que j’ai cités d’après les dossiers de la Commission belge d’enquête, il ne s’est hasardé à en contester que trois. Afin que les lecteurs de la Revue des Deux Mondes puissent se rendre compte de la valeur des dénégations allemandes, me permettez-vous, Monsieur le Directeur, de leur donner pour chacun de ces trois faits un des témoignages sur lesquels je me suis appuyé ?

Je pourrais ne pas répondre au sujet de l’odieux viol de Beyghem, tant la version qu’en donnent les Allemands se détruit d’elle-même : « Voulez-vous devenir ma fiancée ? — Oui, après la guerre. » C’est tout ! Cette idylle fait sourire. Relisons cependant le témoignage fait librement, le 17 septembre, 1914, par le curé de Beyghem, et voyons comme cela nous éloigne tragiquement de cette niaiserie sentimentale (Pendant une partie de sa déposition, le curé parle à la troisième personne.)

J’ai été prisonnier depuis le 24 août, sans cesse repris et relâché pour être repris aussitôt.

Les officiers se conduisent comme les soldats, ils sont eux-mêmes